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19/09/2023

Fibres végétales et naturelles : décarboner l’économie, réindustrialiser les territoires

Les premières Rencontres interrégionales des fibres végétales et fibres naturelles se sont tenues le 7 septembre 2023 à la Foire de Châlons et ont été animées par Agridées. 

Cet événement a succédé aux Assises inter-régionales sur les protéines végétales et les nouvelles sources de protéines en février dernier, où les régions Grand Est, Hauts de France et Normandie avaient déjà affiché leurs efforts conjoints, avec l’aide du pôle de compétitivité B4C, pour accompagner l’organisation et le déploiement des filières de la bioéconomie dans les territoires. 

Les intervenants de l’événement du 7 septembre (responsables politiques régionaux, interprofessions, industriels, producteurs de biomasse, centres techniques de recherche) ont mis en avant les collaborations inter-régionales, en particulier en s’engageant dans l’Appel à manifestation d’intérêt (AMI) « fibres naturelles à usages textiles et matériaux » ouvert au printemps 2023. 

Deux grandes familles de filières se sont distinguées : les plus matures d’une part (bois, chanvre et lin) et les plus émergentes d’autre part (ortie, laine, miscanthus), qui sont en cours de structuration pour répondre à la demande de décarbonation et de relocalisation de trois principaux secteurs d’activité : le bâtiment, le textile et les composites pour l’automobile.  

 

Bâtiment 

Actuellement, les plus grands volumes de biomasse riche en fibres végétales et naturelles (en premier lieu le bois), sont valorisés dans le secteur du bâtiment. Celui-ci concentre en effet 25 % des émissions de CO2 de la France. Les efforts de décarbonation qui lui sont imposés sont conséquents avec la Réglementation environnementale 2020 (RE2020). La filière bois peut donc jouer un rôle de locomotive pour entraîner celle du chanvre, du miscanthus ou de la laine notamment pour combiner leurs propriétés pour décarboner la construction et la rénovation des bâtiments. Cependant, ces matériaux biosourcés restent moins compétitifs que leurs concurrents (béton, métal, laine de roche), leurs propriétés en tant qu’isolants doivent encore être mieux connues et décrites pour être certifiées et se faire une place sur ce marché, et la formation à leur utilisation doit être renforcée dans les métiers du bâtiment (architectes, maçons…). 

 

Textile 

La situation du secteur textile est très différente. Après une délocalisation massive vers les pays d’Asie pendant des décennies, de nombreux acteurs cherchent aujourd’hui à relocaliser une partie de cette industrie, ayant réalisé l’ampleur de nos dépendances depuis la pandémie de Covid-19. Les filières lin et chanvre sont les plus structurées et organisées en interprofessions. Elles travaillent ensemble au sein d’une Alliance européenne pour le lin et le chanvre, où les acteurs français sont moteurs puisqu’une grande partie de la production européenne se situe dans notre pays. A contrario, les filières laine et ortie sont renaissantes, après avoir presque disparu. Alors que le gisement de laine est bien présent sur le territoire français, la production d’ortie est quasiment inexistante et doit totalement se reconstruire. Certains industriels du textile parviennent à associer les fibres entre elles, qu’elles soient synthétiques, végétales importées (coton), ou encore végétales ou naturelles mais produites localement (lin, chanvre, laine, ortie). L’objectif est de compenser, au moins en partie, le manque de compétitivité de ces dernières en valorisant leur origine locale et en parvenant à massifier leur production pour passer à l’échelle industrielle… et ainsi contribuer à atténuer la vague de « fast fashion », où les collections de vêtements bon marché se succèdent rapidement et sont expédiés dans le monde entier depuis l’Asie sans prise en compte de leur impact environnemental. Pour cela, la caractérisation des propriétés des fibres de laine et de lin notamment doit encore progresser, car elles manquent encore de références techniques pour pouvoir les comparer aux fibres mieux connues que sont le coton importé et les synthétiques en particulier).  

 

Automobile (composites) 

Enfin, le secteur des composites est celui qui valorise actuellement la plus petite quantité de fibres végétales et naturelles, puisqu’il nécessite le plus de recherche-développement-innovation. Il est cependant en progression, à la fois pour aider l’industrie automobile à résoudre l’équation de la décarbonation mais également pour les propriétés spécifiques de certaines fibres répondant aux exigences de légèreté et de solidité des véhicules. A ce jour, la réglementation est incitative à l’intégration de matériaux durables mais sans prioriser l’origine biosourcée par rapport à l’origine recyclée, dans le cadre de l’économie circulaire. Cette équation doit encore être résolue pour que les fibres de chanvre ou de miscanthus notamment soient davantage utilisées pour fabriquer des composites automobiles.