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Temps de lecture : 3 min

30/10/2025

L’agriculture régénérative : un nouveau cap pour l’Europe selon le CESE

Dans un avis adopté en juin 2025, le Comité économique et social européen (CESE) reconnaît l’agriculture régénérative comme une voie centrale pour concilier production durable, résilience climatique et compétitivité des exploitations.

Il existe différentes définitions du terme « agriculture régénérative » utilisées par des chercheurs, des entreprises, des ONG, des agriculteurs, des institutions internationales… Le CESE plaide pour une définition européenne commune, articulée autour des trois piliers de la durabilité et « acceptée par tous les acteurs de la filière agroalimentaire afin d’éviter une quelconque privatisation de cette définition ».

 

Vers une définition européenne

« L’agriculture régénérative est une approche agricole adaptative et globale appliquant des méthodes qui ont concrètement fait leurs preuves et sont fondées sur la science et qui ont des effets positifs sur l’environnement (sols sains et vivants, réduction des émissions, captage du carbone, atténuation des risques liés aux pesticides, gestion de l’eau et diversité biologique, pour n’en citer que quelques-uns), sur les moyens de subsistance des communautés agricoles comme sur la santé publique, tout en garantissant la résilience des rendements, la compétitivité et l’efficacité ainsi que l’obtention de résultats sur le plan social (moyens de subsistance, attractivité du secteur, renouvellement des générations et dynamisme des zones rurales ».

Un levier systémique de résilience

Pour le CESE, les bénéfices de l’agriculture régénérative sont multiples : amélioration de la santé des sols et des rendements, réduction des intrants, augmentation des revenus à long terme et attractivité du métier d’agriculteur. Chaque exploitation définit ses propres leviers : cultures de couverture, semis direct ou en bandes, agroforesterie, rotation des cultures, biofertilisants, réduction des pesticides, gestion des pâturages. Cette approche replace l’agriculteur au centre de l’échiquier en lui laissant la liberté d’adaptation à son contexte pédoclimatique. Les entreprises y trouvent aussi un gage de sécurité dans leurs chaînes d’approvisionnement et une réponse aux nouvelles obligations de reporting durable.

Pour la société, les gains sont écologiques et sanitaires : restauration de la biodiversité, séquestration du carbone, meilleure gestion de l’eau et atténuation des risques climatiques.

 

Des indicateurs pour piloter la transition

Le rapport du CESE insiste sur la création d’indicateurs de performance régénérative (ICP) pour mesurer les progrès : photosynthèse et couverture des sols, carbone organique, biodiversité, évolution des intrants et des rendements. Ces ICP pourraient structurer les politiques publiques (PAC, fiscalité, aides à la transition), les financements privés et les contrats de filière.

 

L’Indice de Régénération : une application concrète des ICP

L’Indice de Régénération, développé par Pour une Agriculture du Vivant, adhérent d’Agridées, est un outil permettant de mesurer la régénération des écosystèmes, du carbone, de l’eau et de la biodiversité, tout en valorisant la performance et le progrès des systèmes agricoles. Il constitue une traduction opérationnelle des ICP proposés par le CESE : en évaluant la santé du sol, de la plante et de l’animal, du paysage à travers 12 indicateurs de pratiques, il relie les dimensions écologiques, économiques et sociales de la transition agroécologique.

Lever les freins à la transition

Conscient des obstacles – manque de formation, complexité administrative, risques financiers, débouchés insuffisants, difficulté d’accès au foncier – le CESE appelle à des outils concrets : services de conseil indépendants, réseaux de pairs, dispositifs d’assurance et de crédit adaptés, marchés publics écologiques et étiquetage transparent pour stimuler la demande.

 

Du terrain à la politique, l’agriculture régénérative entre dans le débat européen

« L’agriculture régénérative n’est pas une injonction, mais une liberté donnée aux agriculteurs de trouver les solutions les plus adaptées àleur », a conclu Stoyan Tchoukanov, rapporteur du CESE mais aussi président de l’Association pour l’élevage des races bovines à viande en Bulgarie, lors de la présentation de cet avis devant la commission de l’Agriculture (Comagri) du parlement européen.

Entre ambitions écologiques, attentes économiques et enjeux de mise en œuvre, l’agriculture régénérative est un concept encore en construction. Mais sa reconnaissance par le CESE européen marque un tournant : celui de son entrée dans les réflexions des futures politiques européennes.

 

N.B. : Dès 2022, Agridées s’est intéressé à l’agriculture régénérative et en avait fait de le thème de sa conférence d’assemblée générale en interrogeant sa définition et son modèle économique. C’est également un thème qui revient dans les Notes de réflexion stratégique sur One health ou la bioéconomie.