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06/09/2024
Le blé français ne fait plus recette
“Il y a 40 ans que la France n’a pas connu un volume de production de blé aussi faible” a souligné Eric Thirouin, président d’AGPB- Céréaliers de France en conférence de presse le 4 septembre 2024, commentant la récolte de blé 2024. Les dernières estimations tablent en effet sur un volume d’à peine 26 millions de tonnes (-26 % par rapport à 2023) dans un contexte persistant d’effet de ciseau des prix qui va en s’amplifiant.
“C’est une vraie déflagration pour nos exploitations et beaucoup ne mesurent pas toutes les conséquences qui en découlent” a-t-il ajouté. Le décrochage des rendements depuis 2015, les successions d’aléas climatiques, le blocage d’innovations techniques et l’augmentation des contraintes et des injonctions réglementaires fragilisent les moyens de production, handicapent les rendements et pénalisent les coûts de production. Eric Thirouin a lancé un premier cri d’alarme face à la “liquidation en cours de l’agriculture française”. Son deuxième cri d’alerte concerne les trésoreries des exploitations céréalières, qui pour la seconde année consécutive sont dans le rouge. “Pour une ferme céréalière de 130 ha en moyenne, on estime qu’il y aura un manque en trésorerie entre 50 000 et 100 000 euros selon les rendements de l’exploitation, soit près de 3 milliards d’euros au total”. L’AGPB entend demander l’activation de plusieurs mesures pour passer ce cap. Dans certaines régions, des agriculteurs ont déjà entrepris de substituer au blé d’autres cultures plus rentables, voire de le remplacer par des jachères. C’est donc pour « arrêter la casse » que les instances d’AGPB -Céréaliers de France attendent des politiques un signal fort.
Guillaume Le Molgat, Directeur d’Argus Média, a déclaré le 28 août 2024 que la filière céréalière française allait vivre une année difficile. Cette baisse de volume va avoir des répercussions économiques également pour les organismes stockeurs, les transporteurs, et les entreprises de fret. “L’activité export pays-tiers va être particulièrement impactée” explique Maxence Devillers, analyste de marché d’Argus Média. Il table sur un objectif export pays tiers à 4, 1 Mt pour la campagne 2024-2025, soit une perte d’activité export de 60 % par rapport à l’an dernier, et probablement une diminution de chiffre d’affaires pays-tiers de 1,4 milliard d’euros pour la filière blé export. La France retrouve un niveau d’exportation pays-tiers similaire à celui de l’année 2001. Les autres grands pays exportateurs de blé disposeront de volumes disponibles permis soit par d’importants stocks de report (Russie), soit par de bonnes à très bonnes récoltes (Amérique du Nord, Australie, Argentine, Kazakhstan).