Site non disponible sur ce navigateur

Afin de bénéficier d'une expérience optimale nous vous invitons à consulter le site sur Chrome, Edge, Safari ou Mozilla Firefox.

Retour à la liste des contenus

Articles

Temps de lecture : 3 min

01/09/2025

Les ressorts de l’inflation alimentaire

Dans la dernière publication de l’indice des prix à la consommation de juillet 2025, l’INSEE a chiffré le taux général de l’inflation à 1% sur un an. Sur la même période, le taux d’inflation des prix des produits alimentaires et des boissons non alcoolisées aura été de 1,8%. Ce niveau résulte du jeu de compensations internes entre hausses et baisses pour différents produits. Sous pression des conséquences du changement climatique sur la production, et de l’augmentation de la consommation mondiale liée à la démographie, les prix du chocolat (+17,5%) et les prix du café (+16,3%) ont porté les plus fortes hausses, suivis par les boissons rafraîchissantes (+10,0%) et les viandes ovines et caprines (+7,7%). À l’inverse les pommes de terre (-7,7%), l’huile d’olive (-7,0%), les farines (-5,0%) et la margarine (-4,3%) ont marqué des baisses significatives.

Traditionnellement, l’analyse des évolutions de l’inflation alimentaire s’attachent à la prédominance des facteurs conjoncturels, mais une étude récente publiée par la Banque de France révèle les effets structurels combinés du changement climatique et de certaines  politiques sectorielles.

À partir de simulations effectuées sur un modèle économétrique, les auteurs de l’étude ont cherché à chiffrer les conséquences des perturbations des services écosystémiques essentiels (pollinisation, maladies, espèces invasives, cycle de l’eau) sur la productivité agricole des principaux pays producteurs mondiaux dont la France. Un choc unique touchant les principales grandes cultures peut provoquer un pic d’inflation alimentaire pouvant atteindre jusqu’à 13,0% en France. La répétition de ces chocs ponctuels, en simulation de l’émergence d’événements climatiques extrêmes, peut avoir pour conséquence une augmentation structurelle des prix alimentaires atteignant un taux de 2,0%, soit un impact de 0,5% sur le taux général de l’inflation.

Dans un second exercice, les auteurs de l’étude se sont intéressés à l’impact des politiques publiques visant la réduction des émissions des gaz à effet de serre et à la pression sur la biodiversité. En appliquant les restrictions normatives de la fertilisation azotée et de l’usage des pesticides préconisées par la Communication « Farm to fork » de la Commission européenne de manière désordonnée et non anticipée, l’impact de ces réductions pourraient réduire à moyen terme le PIB de la France d’environ 0,2% et augmenter les prix agricoles jusqu’à 12,0%.

Tout en rappelant les limites d’utilisation d’un modèle économétrique, et par conséquent les précautions à prendre sur l’interprétation des résultats, et en reconnaissant la nécessité des mesures de politique publique d’accompagnement de la transition agricole, les auteurs ont souhaité attirer l’attention des décideurs  sur les conditions d’application de mesures restrictives de l’usage des intrants, en contribuant à « une meilleure intégration des enjeux liés à la nature dans les cadres macro-financiers des banques centrales et des régulateurs ». Ainsi le dérèglement climatique et les politiques visant à en réduire l’évolution doivent être pris en compte pour expliquer le caractère structurel nouveau des augmentations de l’inflation alimentaire.