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29/11/2024
Conclusions du dialogue stratégique européen sur l’avenir de l’agriculture : une boussole qui continue de perdre le nord ?
Dans ce document rendu public au début du mois de septembre 2025, la Commission européenne a présenté les résultats du travail engagé à la demande de sa présidente, et réunissant les principaux acteurs du secteur agroalimentaire et de la société civile européenne, quant à la vision du système agricole et agroalimentaire européen dans la prochaine décennie à venir[1].
D’un côté, on soulignera quelques points positifs à travers les esquisses de réponse fournies par les parties prenantes à cet exercice, en particulier l’idée de revoir l’utilisation de la réserve de crise en un dispositif plus pérenne de couverture assurantielle. La proposition d’impliquer la Banque européenne d’investissement (BEI) dans le financement des projets d’installation des jeunes agriculteurs est également à souligner, de même que la création d’un comité transversal dédié au secteur agroalimentaire – si ce dernier était amené à jouer ce rôle – pour mieux coordonner l’orientation des politiques publiques d’un secteur dont le pilotage est dispersé entre de nombreuses Directions Générales de la Commission (Agriculture, Industrie, Santé, Commerce, Environnement, Energie).
De l’autre, on constate également, à travers les conclusions de ce dialogue, l’absence de réponses concrètes quant aux enjeux de compétitivité et de revenu des exploitations agricoles. Si le sujet du caractère toujours plus redistributif de la politique agricole commune (PAC), notamment à travers la remise en question des aides à l’hectare, reste encore largement à débattre, d’autres orientations émises dans le rapport laissent dubitatif.
Alors que les puissances en dehors de l’Union européenne ont considérablement préservé, voire renforcé, l’armement de leur politique agricole en soutenant massivement leur agriculture via des soutiens directs au revenu ou des dispositifs favorables à l’investissement et à la modernisation de leur appareil productif, le dialogue stratégique persévère dans des objectifs de verdissement manifestement à rebours des préoccupations agricoles. Un constat d’autant plus inquiétant au regard des conclusions du dialogue, qui insistent sur l’obligation de résultats sans évoquer les moyens massifs à mettre en parallèle, et ceci alors que le budget de la PAC tend à diminuer de façon structurelle.
Á cela s’ajoute une vision prospective de la consommation alimentaire européenne très utopique, pour ne pas dire illusoire, exprimée dans ce dialogue qui apparait en profond décalage avec la réalité des comportements alimentaires, dont le prix et la part en produits animaux restent des composantes primordiales.
Plus globalement, on peut certainement regretter que cet exercice n’ait pas abouti à davantage prendre de hauteur sur les contradictions et les incompatibilités qui nuisent à l’efficacité, et même à la légitimité, de la politique agricole européenne.
Alors que les décideurs publics vont amorcer un intense cycle de discussions pour la PAC post-2027, souhaitons qu’un chemin plus pragmatique soit emprunté pour remettre l’agriculture dans le bon sens.
[1] A propos du dialogue stratégique, voir également l’article de Bernard Valluis, “Un nouveau cap pour la PAC ?“, 6 septembre 2024.