Site non disponible sur ce navigateur

Afin de bénéficier d'une expérience optimale nous vous invitons à consulter le site sur Chrome, Edge, Safari ou Mozilla Firefox.

Retour à la liste des contenus

Articles

Temps de lecture : 3 min

18/06/2021

L’oeuf casse la baraque

Il arrive que la France batte l’Allemagne. La France, dont l’emblème paradoxal est le coq, arrive en tête de la production d’œufs dans l’Union européenne avec 15,7 milliards d’œufs en 2020, contre 14,4 pour l’Allemagne et 14,2 pour l’Espagne qui complète le podium.

Cette réussite est tout autant le fruit de l’organisation économique et technique de la filière que de la belle image d’un produit qui représente auprès du consommateur une source de protéine saine, complète, naturelle et peu chère. D’ailleurs, l’année 2020 marquée par la Covid-19 a consacré l’œuf comme valeur refuge en période de doute et de crise. La consommation française y a été de 224 œufs/an/habitant, dont 154 en œufs coquille soit une progression de ce segment de presque 6 % (et même de 11 % via la GMS). Une vraie marque de reconnaissance dans toutes les chaumières. Par contre les ventes en ovoproduits ont été impactées notamment par les difficultés de la restauration hors domicile.

 

La filière des œufs doit cependant affronter des difficultés qui lui sont propres, ou qui relèvent des contradictions générales  de la chaîne alimentaire.

 

Sur le plan des questions sociétales, elle doit organiser sa transition en matière de mode de production et de bien-être animal. En 2020, 53% des capacités de production s’appuient sur des élevages en systèmes alternatifs aux cages aménagées, dont 14,6 % en bio (0)*, 25,2 % en plein air (1)*, et 13,4 % au sol (2)*. La tendance se poursuit en accéléré, la part de production avec des cages (3)* pourrait se réduire de 47 à 36 % dès 2021. Ainsi au-delà de la réglementation actuelle, les demandes des consommateurs et les pressions des industriels ou de la distribution font rapidement bouger les lignes au sein d’une chaîne alimentaire qui sait œuvrer avec les signes de qualité, les cahiers des charges et les marques. D’autres évolutions trouveront leur concrétisation puisque les techniques s’affinent, telles les alternatives à l’élimination des poussins mâles. Les innovations sont là, il faudrait que le consommateur-citoyen tire mieux les conséquences économiques de ces adaptations selon les exigences actuelles.

 

Sur le plan des questions économiques, les sujets sont également nombreux. Il y a certes les coûts d’investissement, liés aux évolutions sociétales mais aussi ceux de modernisation liés à la nature d’une filière où traçabilité, fraîcheur, sécurité alimentaire, calibrage, conditionnement… sont des facteurs clés et imposent garanties et process. Cependant la question de la compétitivité dépend en premier lieu du prix de l’aliment. 60 % des coûts de production des oeufs proviennent de la nutrition animale, en fait essentiellement du prix des céréales et des oléagineux. En une année, d’avril 2020 à avril 2021, l’augmentation a été de l’ordre de 25 % (Cf. Communiqué de presse du SNIPO du 25 mai 2021). Or, jusqu’à aujourd’hui, autant la contractualisation entre les acteurs s’est imposée en amont dans la filière, autant elle demeure très minoritaire en aval. La RSE pourrait mieux se concrétiser! Et le projet de loi Besson-Moreau, déjà prénommé Egalim-2, qui propose de sanctuariser, par exemple avec des indices, la fraction agricole du prix des produits tout au long de la chaîne alimentaire, n’intègre pas l’œuf pour le moment…L’œuf s’en trouverait fragilisé.

 

Néanmoins, la filière des œufs est résiliente. La consommation continue de croître, même si elle aussi connaît et va connaître la concurrence de protéines alternatives. Le concept de souveraineté alimentaire s’y concrétise. Le rapport qualités/prix est convaincant et satisfait presque tous les régimes. Alors ne boudons pas notre plaisir, quoi de neuf ? L’œuf !

 

 

*Etiquetage indiquant le mode de production et les conditions d’élevage des poules :

  • 0 : oeufs de poules élevées en plein air (au moins 2,5m2 de terrain extérieur par poule) et nourries avec une alimentation biologique
  • 1 : oeufs de poules élevées en plein air (au moins 2,5m2 de terrain extérieur par poule)
  • 2 : oeufs de poules élevées au sol (élevage intensif en intérieur mais sans cage – max. 9 poules/m2)
  • 3 : oeufs de poules élevées en cage ou en batterie (18 poules/m2)