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26/10/2023

Neutralité carbone et taxe carbone aux frontières : initiatives d’entreprises marocaines

Agridées et l’AgriTech Center of Excellence (Centre d’innovation et de recherche appliquée) de l’Université Mohammed VI Polytechnique au Maroc poursuivent leur collaboration. Après être intervenu aux deux premières éditions des « Agri Carbon Days » en novembre 2022 et mai 2023, Agridées a été invité en octobre 2023 à animer une formation pour un groupe de professionnels marocains sur le sujet de la décarbonation et des politiques carbone, dans le cadre du certificat exécutif mis en place par l’AgriTech Center of Excellence. Ce fut une nouvelle opportunité pour partager les expériences marocaines et françaises en matière de décarbonation de la chaîne de valeur agricole et agroalimentaire.

Le Maroc s’est engagé à atteindre la neutralité carbone en 2050. De nombreuses initiatives se mettent en place pour parvenir à ce but.

La Stratégie nationale bas carbone marocaine (SNBC), déjà soumise en termes qualitatifs au secrétariat de Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), va prochainement s’étoffer d’une SNBC quantitative pour chaque secteur. Rappelons que l’agriculture représente à elle seule 22 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) du Maroc, loin derrière le secteur de l’énergie (65 %).

A plus court terme, l’autre objectif des responsables de l’agriculture marocaine est d’anticiper l’application du Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF, ou CBAM en anglais) que l’Union européenne a adopté en 2023. Le Règlement 2023/956 du 10 mai 2023 qui a établi le MACF est entré en vigueur le 17 mai 2023 et est applicable depuis le 1er octobre 2023. Il ne s’applique pour l’instant qu’aux secteurs du ciment, du fer et de l’acier, de l’aluminium, des engrais, de l’électricité et de l’hydrogène[1]. A noter que le Maroc devrait être parmi les pays les moins exposés au MACF selon l’étude qui fait référence[2].-

Voici quelques exemples d’actions concrètes de décarbonation proposées par des entreprises du Maroc.

Une plateforme numérique de mesure et de simulation des émissions de gaz à effet de serre (GES) et de séquestration de carbone dans les sols agricoles a été lancée il y a quelques mois par l’AgriTech Center of Excellence. CarboEdge est un outil d’aide à la décision destiné aux acteurs agricoles et de l’agroalimentaire pour les éclairer sur les leviers de décarbonation. Toute la chaîne de production est couverte : énergie et process de production, transport et conditionnement. Ce calculateur de l’empreinte carbone permet de mesurer et simuler les émissions de GES sur la base des normes internationales (ISO 14064), de suivre la séquestration du carbone dans les systèmes sol-plante en s’appuyant sur les technologies d’imagerie satellite et d’intelligence artificielle, de recommander des trajectoires de décarbonation et d’assurer le suivi de leur mise en place. CarboEdge vient compléter l’offre développée par AgriEdge, spin-off de l’AgriTech Center of Excellence, pour optimiser la fertilisation, l’irrigation, les traitements de santé des plantes et des animaux d’élevage ou encore l’irrigation. Tous ces outils relèvent de l’agriculture de précision.

Un second exemple est la startup NetZero[3], crée en 2021 et spécialisée dans le stockage de carbone atmosphérique dans les sols sous forme de biochar. Celui-ci est produit par pyrolyse de déchets agricoles et utilisé comme fertilisant et facteur de stockage de carbone biogénique dans les sols agricoles. NetZero possède aujourd’hui deux démonstrateurs : l’un au Brésil et l’autre au Cameroun, qui produisent du biochar essentiellement à partir de résidus de coques de café.

Troisième exemple, Les eaux minérales d’Oulmes. Cette société marocaine, qui vient de fêter ses 90 ans, est spécialisée dans le captage, l’acheminement, l’embouteillage et la distribution de l’eau. Rassemblant 2 000 salariés, son chiffre d’affaires est de 1,73 milliards de dirhams marocains, soit 160 millions €. Cotée en bourse, l’entreprise s’engage à la neutralité carbone en 2050 en actionnant plusieurs leviers de décarbonation : en premier lieu l’énergie (amélioration de l’efficacité énergétique, mobilisation d’énergies renouvelables), puis l’emballage (allégement, recyclage, biosourcé) afin de réduire l’empreinte carbone de chaque litre d’eau minérale commercialisé.

Enfin, le dernier exemple est le groupe OCP. Ses activités se sont développées depuis plus d’un siècle à partir de l’extraction du phosphate (70 % des ressources minières mondiales sont concentrées au Maroc) et la production d’engrais agricoles. Aujourd’hui, le groupe OCP comprend non seulement ses activités industrielles mais également OCP Africa, l’UM6P, la Fondation OCP et OCP North America. Le Groupe OCP, qui compte plus de 17 500 salariés et dont le chiffre d’affaires était de 11,2 milliards de dollars en 2022, s’est engagé à atteindre la neutralité carbone à horizon 2040, notamment en mobilisant les énergies renouvelables (éolien, solaire, hydroélectrique, cogénération) dans ses activités de production industrielle, et également en accompagnant les agriculteurs à optimiser leurs apports d’engrais.

 


[1] Pendant une première phase transitoire jusqu’à fin 2025, les importateurs européens ne sont soumis qu’à une obligation de déclaration des quantités importées et des émissions de GES associées à leur production, sur la base d’une méthode de calcul provisoire. Par la suite, à partir de début 2026, les importateurs européens devront acheter et restituer le nombre de « certificats CBAM » correspondant aux émissions intrinsèques de GES générées par les importations des marchandises couvertes par le règlement.

[2] Magacho, G., Espagne, E., & Godin, A. (2023) Impacts of the CBAM on EU trade partners: consequences for developing countries

[3] À noter que NetZero est accompagné par BPI France, qui a mis en avant la startup lors de l’événement BIG du 5 octobre 2023 en faisant intervenir son co-fondateur et CEO Olivier Reinaud lors de l’atelier « L’agriculture puits de carbone : quels champs des possibles ? »