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22/10/2024
Sommet mondial du lait 2024 : quels leviers de décarbonation de la production laitière ?
Evénement annuel de l’industrie laitière mondiale, le Sommet mondial du lait 2024 s’est tenu à Paris du 15 au 18 octobre. Le fil conducteur de cet événement, qui a réuni 1600 participants en provenance de 62 pays différents, était la durabilité. Dans ce registre, plusieurs tables rondes et présentations ont fait le point sur les leviers de décarbonation des filières laitières, qu’ils soient méthodologiques, technologiques ou encore économiques ou réglementaires.
En 2022, la Fédération internationale laitière (FIL) avait publié une méthodologie standard pour l’analyse de cycle de vie afin d’évaluer l’empreinte carbone du secteur laitier, ainsi que des lignes directrices pour calculer la séquestration de carbone dans les systèmes de production de bovins. L’enjeu est de mettre en place des actions et des modes de calculs d’impacts cohérents à travers le monde dans un soucis de crédibilité du secteur. Pour compléter le standard, le protocole MiLCA (Mitigation actions in Agricultural Lifecycle Assessment) devrait être publié d’ici la fin de l’année 2024 afin d’estimer les réductions d’émissions de gaz à effet de serre obtenues grâce à des outils technologiques. L’objectif est d’éviter le greenwashing en cas d’allégations environnementales liées à l’utilisation de ces outils. Ces derniers peuvent être par exemple Eminex® (produit qui, lorsqu’ajouté au lisier, permet de réduire les émissions de CH4 et de CO2 pendant le stockage) ou Bovaer® (additif alimentaire qui permet de réduire les émissions de méthanes des bovins), dont l’utilisation se fait de plus en plus.
Le cas de l’Irlande a été présenté, un pays où les éleveurs bénéficient d’aides publiques et privées, avec un accompagnement technique du Teagasc, homologue de l’INRAE et des instituts techniques agricoles français. Concernant le marché volontaire du carbone, l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE) a observé que les volumes et les prix échangés ont tendance à stagner depuis 2021 pour les crédits-carbone agricoles dans le monde, et que d’autres mécanismes émergent donc sur la base de la certification carbone, en particulier avec des engagements volontaires. C’est le cas des primes filières qui se mettent en place progressivement dans le secteur laitier : primes de durabilité et plateforme Transitions de Sodiaal, ou primes climat pour la coopérative Agrial en partenariat avec la laiterie Savencia, annoncées lors du Sommet mondial du lait.
Ces efforts, qui s’inscrivent dans la transformation durable des systèmes alimentaires, ont alimenté la Déclaration de Paris sur la durabilité, signée par la Fédération internationale laitière lors du Sommet mondial du lait. Dans ce texte, la communauté laitière mondiale s’est mise d’accord pour communiquer ses engagements quantifiés et planifiés en faveur de la durabilité. Elle s’engage à partager des pratiques laitières durables cohérentes avec les Objectifs de Développement Durables de l’ONU afin qu’elles soient plus largement adoptées. Enfin, l’industrie laitière internationale s’est accordée pour être proactive et contribuer plus largement à la transition vers des systèmes alimentaires durables.
Pour aller plus loin :
- Webinaire Webinagri du 1er octobre 2024 : Les agriculteurs face au changement climatique, avec la participation de Anne-Sophie Delassus, éleveuse laitière et membre du Bureau de Sodiaal
- Analyse Agridées Agriculture bas carbone – réglementation et financement (4 octobre 2024)