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Temps de lecture : 3 min

30/09/2022

Tout n’est pas perdu, ni gaspillé

La lutte contre les pertes et gaspillage alimentaires s’inscrit dans les moyens de lutte contre le changement climatique. Chaque quantité épargnée représente autant de possibilités de réduction d’émissions de gaz à effet de serre. Depuis les années 1990, la FAO alerte régulièrement la communauté internationale. L’Union européenne soutient les actions des États membres à travers le Fonds Européen d’Aide aux plus Démunis (FEAD) qui permet à travers des organismes caritatifs de diriger vers les personnes en situation de précarité des aliments qui autrement auraient été détruits. En France la loi Garot, renforcée par les dispositions d’EGalim 1 et 2, interdit la destruction d’aliments encore consommables, en obligeant les supermarchés, au-delà de 400 m², la restauration collective préparant plus de 3000 repas journaliers, et les industries agroalimentaires réalisant plus de 50 millions d’euros de chiffre d’affaires, à conclure avec un organisme du type banque alimentaire des conventions de dons des marchandises consommables proches des dates limites de commercialisation.

Néanmoins, les appels à traquer pertes et gaspillage se multiplient en reprenant des évaluations qui laissent entendre d’énormes marges de manœuvre. Ainsi, récemment un article publié par Polytechnique Insight[1] se base sur les estimations de la FAO faites en 2011 en chiffrant le gaspillage à 1,3 milliard de tonnes par an réparti par tiers entre la production, la transformation et la distribution et la consommation. De même, FeedbackEU, une organisation non gouvernementale basée aux Pays-Bas, vient de publier une étude « No time to waste »[2] dont le plaidoyer pour « pas de temps à perdre » repose sur des évaluations d’organismes divers qui reprennent la méthodologie de la FAO.

Le gisement alimentaire est-il aussi important que ces travaux l’indiquent ?

En fait, les définitions induisent un biais considérable. La FAO considère que toute perte ou tout gaspillage résulte de la réduction des quantités qui auraient pu faire l’objet de consommation humaine. Ainsi la consommation animale de produits agricoles peut être rangée dans l’une ou l’autre catégorie de détournement d’aliments destinés à la consommation humaine. Dans le cadre d’un programme de la Commission Européenne, le projet FUSIONS (Food Use for Social Innovation by Optimizing waste prevention Strategies)[3] a revu le concept de perte et gaspillage pour tenir compte des utilisations non alimentaires des quantités qui sortent de la chaine de l’alimentation humaine comme de celles qui vont à l’alimentation animale.

Ainsi, une estimation plus rigoureuse des quantités effectives qui peuvent être sauvées de la perte ou du gaspillage permettrait de mieux orienter les politiques publiques qui s’attaquent au problème. Une telle estimation permettrait également de ne pas laisser miroiter que ce gisement supposé de 30 % de la production agricole mondiale pourrait être intégralement mobilisé pour couvrir les besoins de la population de la planète et contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

 


[1] https://www.polytechnique-insights.com/dossiers/planete/how-to-reduce-food-waste/nourriture-30-de-la-production-mondiale-perdue-chaque-annee/?utm_source=Polytechnique+Insights+%28français%29&utm_campaign=4d31bd9e17-

[2] EMAIL_CAMPAIGN_2022_09_13_08_32&utm_medium=email&utm_term=0_63d892d0ac-4d31bd9e17-372275466

[3] https://feedbackglobal.org/wp-content/uploads/2022/09/Feedback-EU-2022-No-Time-To-Waste-report.pdf
https://www.eu-fusions.org/index.php/about-food-waste/280-food-waste-definition