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Points de vue

Temps de lecture : 3 min

07/10/2025

Agrivoltaïsme : une question d’état d’esprit !

Alors que la 3e Programmation Pluriannuelle de l’Energie ne cesse de se faire attendre dans un contexte politique instable, nous assistons en direct à la naissance et la structuration d’une filière hybride : l’agrivoltaïsme. La loi d’accélération pour le développement des énergies renouvelables, dite APER, a défini le 10 mars 2023 cette nouvelle activité par la notion de « synergie » entre les deux productions agricole et énergétique sur une même parcelle agricole avec l’obligation de services rendus à l’agriculture (concernant la lutte contre les aléas climatiques, les services agronomiques, l’adaptation au changement climatique et le bien-être animal).

Pour les chefs d’entreprises agricole, l’agrivoltaïsme représente à la fois des opportunités et des risques. Des opportunités en termes de diversification économique, de pérennisation des exploitations et d’attractivité pour les jeunes générations, en particulier dans des zones à faible potentiel agronomiques comme les zones intermédiaires. Elle place également les agriculteurs et les agricultrices au cœur de nouvelles boucles locales d’énergie et de nouvelles dynamiques territoriales.  Concernant les risques, le spectre du projet alibi encore vivace dans les mémoires interroge sur les atteintes éventuelles de la fonction nourricière de l’agriculture. Des questions- légitimes- se posent également sur le partage de la valeur, la spéculation foncière, l’acceptabilité, et engendrent une multiplication de chartes, de doctrines additionnelles à la loi APER, chacune alliant spécificités territoriales et convictions personnelles.

Mais en souhaitant laver plus blanc que blanc ne risque-t-on pas de tuer l’agrivoltaïsme dans l’œuf ? Comme toute nouvelle activité, il apparait nécessaire de laisser les acteurs et les actrices de terrain remonter leurs expériences, partager leurs réussites et leurs échecs, afin de coconstruire une règlementation intelligente tenant compte de l’ensemble des parties prenantes dont les chefs d’entreprise agricole, seuls ou organisés en collectifs, les collectivités territoriales, les énergéticiens, les juristes, les scientifiques… Car si l’on souhaite partager la valeur, encore faut-il la créer ! Et si l’on souhaite protéger l’agriculture, encore faut-il ne pas freiner les synergies qui pourraient lui être bénéfiques. Entre liberté d’entreprendre et garde-fou pour un agrivoltaïsme vertueux un équilibre reste à trouver.

La boussole qui doit nous diriger vers ce compromis est avant tout un état d’esprit : l’énergie doit être au service de l’agriculture et de la vision des chefs d’entreprise agricole. Osons rêver (et organisons) un agrivoltaïsme qui permette d’installer des jeunes, des femmes et des hommes aux profils variés, de rendre le métier plus attractif et moins risqué, de pérenniser les élevages, de créer de nouvelles activités, de soutenir les changements de pratiques, d’imaginer des projets portés par des collectifs pour inclure le plus grand nombre et partager la valeur sur le territoire. Passer de quelques pionniers au plus grand nombre. Pour cela les agriculteurs et les agricultrices doivent s’asseoir autour de la table, assumer leur rôle central dans l’agrivoltaïsme et s’assurer de faire de l’énergie un levier de développement de l’entreprise agricole. Agriculture first !