Site non disponible sur ce navigateur

Afin de bénéficier d'une expérience optimale nous vous invitons à consulter le site sur Chrome, Edge, Safari ou Mozilla Firefox.

Retour à la liste des contenus

Points de vue

Temps de lecture : 3 min

21/05/2022

Innovations et sobriété pour une agriculture résiliente face au climat

2022. Après le gel tardif, la sécheresse frappe de nouveau à nos portes. Les météorologues nous diront que ce n’est pas une sécheresse record et que certaines années ont été similaires : 1976, 1993, 1997 et 2011. Pourtant, elle fait la une de la presse agricole. En agroclimatologie, science couplant l’agriculture au climat, cette sécheresse est particulièrement impactante puisqu’elle intervient dans des stades de sensibilité aux stress hydriques et thermiques : de la montaison au remplissage des grains. Les pertes constatées durant cette période seront irréversibles, même si la pluie revient.

L’agriculture sort progressivement du climat dans lequel elle s’est développée et a prospéré. La récurrence des phénomènes climatiques impactant l’agriculture est le témoin incontestable du changement climatique. De 1959 à 2020, les surfaces agricoles française en sécheresse ont progressé de 7% et la température a gagné plus d’un degré, modifiant ainsi les stades phénologiques et alimentant l’évapotranspiration. 7%, c’est 2 millions d’hectares et plusieurs dizaines de millions d’euros de manque à gagner. Cette progression inexorable de surface en sécheresse en France va continuer : d’ici 2050 c’est plus de 20% de la surface agricole utile qui sera concernée par la sécheresse chaque année (contre 5% dans les années 60).

Face à ce constat, il n’est maintenant plus question d’une simple atténuation par le stockage du carbone dans les sols agricoles ou de la réduction drastique des émanations de méthane issues de l’élevage. Nous sommes déjà dans l’ère de l’adaptation. Prenons cet enjeu comme un puzzle où chaque pièce représente une solution. Pour faire face au changement climatique, il faut toutes les pièces du puzzle : l’implantation de nouvelles espèces plus adaptées soutenues par de nouvelles filières, la recherche de nouvelles variétés plus résistantes aux conditions futures, la préservation de la ressource hydrique couplée à un stockage intelligent de l’eau, la conservation du sol pour augmenter sa réserve utile et sa capacité à stocker du carbone, le retour d’un paysage plus complexe parcouru de haies et d’arbres, l’investissement dans le numérique pour mieux anticiper les effets des évènements climatiques et mieux préserver les ressources etc.

Les innovations techniques et technologiques ne sont qu’une partie des solutions. La sobriété et le social sont également des éléments clefs pour ralentir et soutenir nos systèmes agricoles. La consommation des légumes de saison et la réduction des repas carnés, le retour de l’apprentissage de la production agricole et de la cuisine, l’achat de produits locaux pour soutenir l’agriculture française face à ces enjeux, la réduction du gaspillage alimentaire etc.

C’est dans la diversité de ses innovations que nous créerons des nouveaux systèmes agricoles plus résilients face au changement climatique et plus respectueux de l’environnement. Ces innovations ne doivent pas permettre la continuité de systèmes de production essoufflés par les caprices de climat. Ce ne sont pas des pansements mais les socles de l’agriculture du futur.