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Points de vue

Temps de lecture : 3 min

21/06/2023

MÂCON, en lettres capitales

Pour la première fois depuis huit ans, Agridées a organisé le 8 juin 2023 son Assemblée Générale dans les territoires, à Mâcon en Saône-et-Loire. La diversité, la qualité des productions agricoles et alimentaires de la Bourgogne du sud, auraient pu inciter à en faire une halte réparatrice. D’ailleurs l’enfant du pays, Lamartine, pour d’autres projets n’a-t-il pas souhaité « Ô temps ! suspends ton vol… ». En réalité, forte de son potentiel agronomique et climatique, cette région est le fruit de l’action, d’un capital humain d’expression constante.

Dans ce registre, en réfléchissant aux évolutions en cours, il semble clair que l’agriculture se concentre entre des mains de moins en moins nombreuses, qui s’organisent selon leur propre modèle, afin de répondre à des enjeux et des marchés démultipliés.

La réduction du nombre d’acteurs agricoles génère heureusement en réaction une incitation à la diversité des profils des impétrants, en âge, genre, statut. La structuration de l’entreprise agricole, dans ses objectifs à la fois de réussite économique et d’attractivité sociale, amène quant à elle à la diversité et à la multiplicité des supports juridiques, et à l’externalisation des travaux. Enfin, la création de nouveaux marchés, ou segments de marchés, ainsi que le dialogue avec la société, contribuent à la diversité de l’offre.

Si le mot diversité, à l’échelle de l’entreprise agricole, apparait aussi souvent, cela tient aussi à l’évolution du cadre de la Politique Agricole Commune. Cette dernière en se réformant, après avoir poussé les agriculteurs à être plus « au marché », les met désormais au contact de demandes économiques et sociétales nombreuses avec des leviers trempés dans la subsidiarité. En conséquence, plus que jamais les entrepreneurs agricoles ont besoin collectivement d’être protégés face à des risques spécifiques, aléas climatiques ou sanitaires par exemple, ou confortés quant à leurs facteurs de production, telle la politique foncière. Ils doivent aussi faire face à des risques indus de marchés, ainsi certains accords européens de libre-échange en préparation.

Néanmoins, à l’heure où les agriculteurs croisent ce couple parfois improbable et complexe : compétitivité-transition, le développement du capital humain constitue un appui décisif dans l’appréciation des situations et l’émergence de solutions. Certes en comptant sur les apports de l’innovation technologique. L’amélioration des compétences, le partage d’expériences, la diffusion des savoirs, en mode collectif ou individuel et toujours en réseau, constituent une ressource-clé de la valorisation durable de la production agricole dans un environnement instable. A cet égard, le possible décalage de l’examen du projet Pacte et loi d’orientation et d’avenir agricoles dans l’agenda parlementaire ne constitue pas le meilleur des signaux.

Lors de l’Assemblée Générale d’Agridées et des débats qui ont suivi, tous les orateurs ont convergé, exemples à l’appui, sur l’importance décisive du facteur humain pour une agriculture moderne, ouverte et dynamique. Il se dit souvent que l’agriculture et notamment l’alimentation avancent avec des coûts cachés qu’il faudrait savoir calculer et faire payer. Il ne se dit pas assez souvent que pour l’apport économique et sociétal des entreprises agricoles, capital humain et compétences devraient entrainer valorisation et reconnaissance. C’était à Mâcon.