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3 questions à

Temps de lecture : 4 min

16/06/2021

Hervé PILLAUD

Vendéen “ageekulteur” avant l’heure, Hervé PILLAUD a été agriculteur-éleveur et s’est investi pendant plus de 25 ans dans les organisations professionnelles agricoles. Il fut aussi membre du Conseil national français du numérique (CNNUM) de 2018 à 2020.  Aujourd’hui conférencier et auteur, il publie aux Editions France Agricole un troisième ouvrage “Cultivons l’avenir ensemble / Reconcilier agriculture et société“, axé en 5 chapitres particulièrement bien documentés sur les transformations profondes de ce secteur.

Rencontre avant la conférence “Agriculture et société, je t’aime moi non plus“, qui s’est tenue le  jeudi 17 juin via ce lien, organisée avec le SYRPA et Agridées. 

1/ Une personnalité vous a inspiré tout au long de ce 3ème opus dédié à l’agriculture du 21ème siècle, il s’agit de Marie EKELAND, entrepreneure française spécialisée dans le financement de start-up. Pourquoi ?

 

Effectivement, la personnalité de Marie Ekeland m’interpelle et je me retrouve bien dans ses actes. D’abord par son engagement personnel : elle privilégie le « faire » au « dire » et est l’une des premières créatrices en France d’un fond à impact où la rentabilité n’est pas systématiquement associée au court-termisme. Elle a compris que c’est par la convergence des intérêts plutôt que par la compétition et l’affrontement que l’on peut changer les choses et que l’important n’est pas de gagner plus que l’autre mais de gagner plus ensemble. Enfin, elle a fait de l’alignement son leitmotiv, dans un monde où il faut donner du temps au temps : il est essentiel de ne pas se désaligner par rapport aux objectifs que l’on s’est fixés. C’est l’un des fondamentaux qui font la réussite de l’agriculture, confrontée chaque jour aux impondérables du vivant.

 

2/ En quoi est-il urgent selon vous de réconcilier agriculteurs et société, et quels seront selon vous les sujets qui nous rassembleront dans les prochaines années ?

L’agriculture sera au cœur d’une nécessaire « écologisation » de nos sociétés comme l’industrialisation l’a été au 19ème ; cela ne peut se faire dans l’urgence. Cette (r)évolution ne se réussira pas en opposition avec le passé mais par une nouvelle vision de la croissance génératrice de biens communs. L’agriculture y aura une place essentielle, elle sera au cœur de trois besoins fondamentaux : apporter l’essentiel de la nourriture, préserver la santé globale et réparer la planète.

La réussite de cette (r)évolution repose sur trois leviers d’actions : accepter que les changements nécessaires demandent du temps, susciter l’adhésion et fédérer – pas uniquement les agriculteurs – et enfin, réussir à mobiliser suffisamment d’argent. Autant d’éléments qui ne sont pas réalisables dans l’urgence mais qui nécessitent néanmoins de s’y mettre tout de suite.

Passer d’une agriculture au service de la consommation à une agriculture actrice de la renaissance qui se dessine, n’est pas chose aisée et nous devons en prendre toute la dimension.

Nous sommes à une période charnière, celle d’une renaissance de nos sociétés où tous les facteurs sont réunis : une nouvelle appréciation du monde qui émerge, une grande créativité, de nouvelles formes de violence, des innovations de rupture et des certitudes qui volent en éclat. Le débat sur la place de l’agriculture dans ce monde qui vient est ouvert. L’objet de la dispute est de déterminer les seuils de tolérance de la nature vis-à-vis de l’activité humaine, de définir les limites de nos actions sur le patrimoine commun et de faire admettre que la parole des agriculteurs est essentielle à la réussite de cette renaissance qui se dessine.

 

 

3/ Vous écrivez enfin que « l’agriculture n’a pas pris toute la mesure du numérique », notamment dans la formation et la recherche, pouvez-vous développer ?

Non, nous n’avons pas pris toute cette dimension. Les agriculteurs sont de bons utilisateurs du numérique mais son utilisation repose encore sur des fondamentaux définis avant qu’il n’entre dans nos vies.

L’agriculture a des spécificités qui nécessitent une approche collaborative : l’agriculture est un énorme puzzle de micro entreprises générant de nombreuses données extrêmement diffuses qui doivent être appréhendées en commun. C’est ce que nous avons commencé à faire avec Ag data hub mais il faut aller plus loin. L’apprentissage technique du code doit être développé pour mieux apprécier son potentiel afin d’accompagner le passage d’une utilisation intensive d’intrants à une utilisation intensive de connaissances. Enfin, il est essentiel que les agriculteurs aient la maîtrise intellectuelle des possibilités offertes par le numérique pour en apprécier tous les contours.

Dans un monde où l’environnement est devenu un enjeu fort et où le numérique est un moyen offrant des possibilités jamais atteintes, la prise de conscience de l’un et la maîtrise de l’autre seront les gages de l’autonomie de décision des agriculteurs.

A l’occasion de la sortie de son livre “Cultivons l’avenir ensemble (ré)concilier agriculture et société” #Agriculture #Alimentation #Santé #Environnement

jeudi 17/06 à 9h30  table ronde organisée avec Agridées et le SYRPA