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Temps de lecture : 3 min

27/06/2022

Enseignement supérieur dans les grandes écoles : évolution ou bifurcation ?

La Conférence des grandes écoles (CGE) a publié le 15 juin 2022 pour la trentième année consécutive son « Enquête insertion », réalisée entre décembre 2021 et mars 2022, soit en période d’allégement des impératifs liés à la crise sanitaire. La CGE regroupe tant des écoles d’ingénieurs, que de management, de sciences-politiques, de journalisme… La très grande majorité de ces grandes écoles, 194 sur 233, a participé à l’enquête ainsi que 187 000 diplômés des trois dernières promotions. Il en ressort une mine d’informations sur le fonctionnement de ces écoles, l’accès à l’emploi mais également à propos de questions sociétales. Des éléments à mettre en relation avec les prises de paroles très critiques de jeunes diplômés, telles celles parmi d’autres d’étudiants d’AgroParisTech le 30 avril dernier.

Selon cette enquête, l’employabilité des diplômés des promotions de 2021, après moins de 6 mois d’attente, atteint le niveau record de 89,8%  (91,1% pour les ingénieurs), en hausse de 10,7% par rapport à l’enquête de l’année précédente. Presque 2/3 des jeunes primo-employés ont signé leur contrat de travail avant même la sortie de l’école. L’écrasante majorité de ces premiers contrats se formule en CDI, statut cadre, avec une rémunération moyenne annuelle brute hors primes de 36.551€. Il faut noter qu’il existe malheureusement toujours une différence de salaires entre hommes et femmes, +5% au bénéfice de la gent masculine. Ces chiffres montrent sans conteste le rebond de l’économie d’alors, mais aussi l’efficacité du modèle d’enseignement et les connexions avec les besoins des employeurs. A noter que 20,6% des diplômés 2021 ont effectué leurs études en contrat d’apprentissage.

Du profil des employeurs, il ressort que 41% des diplômés ont choisi d’intégrer une PME, voire une TPE, et que les sociétés de conseil constituent le premier débouché tant pour les ingénieurs que pour les managers. Sur le plan territorial il existe une véritable césure entre les profils managers qui se retrouvent à 76,2% en Ile-de-France et les ingénieurs qui, quant à eux, exercent à 61,9% en province. 1 diplômé sur 9 va travailler à l’étranger, le Royaume-Uni est en tête.

Par rapport aux préoccupations sociétales et environnementales, la RSE est présente dans 23,4% des emplois, en très forte majorité sur des postes liés à l’environnement, avec acquisition de compétences en matière de transformation environnementale.

Au total 84,4% des diplômés sont « satisfaits ou très satisfaits » de leur emploi.

Nous sommes loin des paroles exprimées par certains des nouveaux diplômés d’AgroParisTech cette année, avec une charge contre leur propre formation qui « participe aux ravages sociaux et écologiques », la critique radicale de « l’agro-industrie » et, in fine, l’appel à « déserter, bifurquer ».

Ce qui frappe dans ce cas, c’est moins la remise en cause virulente de la situation environnementale actuelle et les réponses parfois outrées des responsables, un grand classique générationnel, mais plutôt la réponse proposée par ces jeunes : non pas changer le monde mais s’en extraire.

 

Alors, sauf à vouloir bifurquer, et au-delà des éléments positifs qui ressortent de cette enquête de la CGE, il est une voie d’évolution que les écoles devraient emprunter de façon plus vigoureuse pour ne pas décevoir certains des étudiants, c’est celle d’un enseignement volontariste de l’écologie et notamment du réchauffement climatique sur un plan scientifique. Trop souvent ce sont encore les étudiants eux-mêmes qui le demandent. Le temps de conception des référentiels pour les diplômes est long (5 ans explique Elisabeth Crépon, la présidente de la Commission des Titres d’Ingénieur, la CTI, dans un article des Echos du 14 juin 2022), le temps de préparation des écoles pour être accréditées et habilitées à délivrer des diplômes est long, le nombre d’enseignants spécialisés est un vrai sujet de discussion… Et le monde change vite.

En ligne droite ou en zigzag, il n’y a pas de transition sans pression, la mue écologique des écoles devrait s’accélérer.