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Temps de lecture : 3 min

05/04/2024

Projet de loi d’orientation agricole : des compétences plus intenses

Le projet de loi d’orientation pour la souveraineté en matière agricole et le renouvellement des générations en agriculture, attendu depuis l’été 2023, a été soumis à la délibération du Conseil des ministres le mercredi 3 avril 2024. Il devrait commencer à être discuté en commission à l’Assemblée nationale mi-mai. Le dynamisme des compétences en constitue un levier essentiel.

L’exposé des motifs du projet de loi choisit d’utiliser les mots les plus forts. Il sonne la mobilisation générale, afin de maintenir la capacité de production agricole et agroalimentaire. La vitalité de cette dernière exprime la puissance économique du pays, son rayonnement international, son aptitude à lutter contre le réchauffement climatique et à décarboner les activités.

Mais que serait la politique d’installation et de renouvellement des générations sans le renforcement de l’attractivité des métiers et une politique de formation plus ambitieuse ? Où naviguerait l’objectif de souveraineté agricole et alimentaire sans investissement dans la formation, la recherche et le déploiement pratique des innovations ? De fait le capital humain est en première ligne.

Sur ce plan, le projet de loi propose des nouveautés importantes, telle la création d’un guichet unique pour l’accompagnement en matière d’installation, ou celle d’un module d’évaluation de l’adaptation et de la viabilité des installations (« stress test climatique »), avec « France services agriculture ». De même avec la création d’un « contrat territorial de consolidation de formation » afin d’augmenter le nombre de jeunes formés dans les régions. Mais c’est sans doute la création d’un nouveau diplôme national de niveau bac + 3, le « Bachelor Agro », qui rend le mieux compte d’une ambition accrue afin d’étoffer la palette de compétences des acteurs, chefs d’entreprise agricole et salariés, dans les moments changeants que nous vivons.

Pour rappel, l’enseignement agricole technique composé de près de 800 établissements publics et privés forme des élèves et étudiants de la 4e au BTS. Le ministère a délivré 48 000 diplômes en 2023, dont 12 000 BTSA. Au-delà, une vingtaine d’établissements d’enseignement supérieur agronomique, vétérinaire et de paysage délivrent notamment des diplômes d’ingénieurs ou de vétérinaires. Au total il y a, tous niveaux confondus, plus de 215 000 élèves, étudiants et apprentis dans le secteur pour l’année 2023/24[i], dont seulement 9 % issus du milieu agricole. L’économie agricole s’est ouverte socialement et sociétalement. Il s’agit d’améliorer les compétences, d’être attractif mais aussi de donner des gages de visibilité aux nouveaux diplômés.

Le nouveau diplôme qui vise à être référent, le « Bachelor Agro », atteindra un niveau de formation 6 via une année supplémentaire au BTS qui est lui-même de niveau 5. Il renforcera l’offre et l’attrait des établissements techniques agricoles, publics ou privés, sur accréditation du ministère de l’agriculture. Il intégrera et additionnera des compétences agronomiques, managériales, entrepreneuriales et technologiques, y compris via la transversalité, avec toujours pour objectif l’insertion professionnelle dans les métiers de l’agriculture et de l’agroalimentaire[ii]. Les établissements d’enseignement supérieur quant à eux – on attend la confirmation que les écoles supérieures privées pourront participer au dispositif – s’en empareront afin d’enrichir leur spectre d’offres existantes, faisant le pont entre les différents cycles d’études supérieures.

L’élévation du niveau de diplôme moyen des nouveaux actifs constitue le meilleur gage d’employabilité, d’attractivité, de capacité de tracer la voie d’une agriculture dynamique et évolutive. L’intensité capitalistique requise pour s’installer en agriculture constitue souvent un frein, l’intensité des savoirs et des compétences s’impose alternativement comme le principal levier afin de regarder l’avenir avec optimisme.

 


[i] Portrait de l’enseignement agricole, édition 2024. Ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire.

[ii] Cf notre Note « Dynamique agricole : quelles compétences ? », Agridées, octobre 2022.