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28/11/2025
Filière œuf : forte demande, tensions sur la production et enjeux d’avenir
La 29ème journée du Comité National pour la Promotion de l’Œuf (CNPO) a réuni l’ensemble des acteurs de la filière œuf : accouveurs, éleveurs, centres de conditionnement, fabricants d’aliments… Plus d’une centaine de participants étaient présents.
Plusieurs facteurs expliquent pourquoi l’œuf est aujourd’hui le champion des ventes alimentaires.
- Un produit ancré dans l’histoire.
Les premières poules pondeuses sont apparues il y a environ 3 600 ans en Thaïlande. Les œufs étaient déjà consommés à l’époque romaine. Mais c’est au XIXe siècle, avec la révolution industrielle, que débute la sélection génétique moderne permettant un essor rapide de la production et de la consommation d’œufs. - Un produit qui tire son épingle du jeu dans un contexte morose.
En 2025, les dépenses courantes reculent légèrement (–0,2 % en valeur par rapport à 2024), sur fond de moral en berne et d’épargne renforcée. L’alimentaire progresse toutefois de +2 %, quand le non alimentaire diminue (–0,6 %). L’œuf s’impose comme le grand gagnant : 226 œufs consommés par habitant et par an, dont 107 œufs en coquille. Le marché de l’œuf coquille représente 2 milliards d’euros, avec une hausse de 14 % en volume en trois ans et 25 % en dix ans, pour atteindre 7 milliards d’œufs consommés en 2025.
Les œufs sont aussi très présents comme ovoproduits, notamment dans des catégories en forte croissance : pâtisserie industrielle, mayonnaise, glaces. - Des modes de production contrastés
86 % des élevages sont en cage dans le monde, contre 38 % en Europe et 24 % en France. L’essor des modes de production alternatifs (47 % en plein air, 24 % en bio) renforce l’image d’un aliment engagé et responsable. Les consommateurs privilégient des œufs locaux, français, et considèrent toujours l’œuf comme une protéine accessible.
Une filière sous pression mais très sollicitée
Aliment de base, sain, présent dans de nombreuses recettes, l’œuf répond parfaitement aux attentes en période d’inflation. La demande est très forte et l’inflation stimule fortement la consommation : en 30 ans, la production mondiale a bondi de 126 %, atteignant 100 millions de tonnes en 2024. Ce développement est porté par l’Asie, notamment la Chine (32% des volumes mondiaux) et la croissance rapide de l’Inde.
Mais la grippe aviaire (IAHP) perturbe sévèrement les élevages, touchant les États-Unis, l’Europe et l’Asie. En France, s’ajoutent des contraintes administratives et environnementales, ainsi que le financement de l’ovosexage, pourtant demandé par la société, qui pèse sur les trésoreries. La filière appelle aussi à un meilleur soutien face aux enjeux Salmonelles et grippe aviaire. Les ruptures en rayon se multiplient, augmentant le risque de voir davantage d’œufs étrangers sur le marché.
Dans ce contexte, la ministre de l’Agriculture Annie Genevard est venue réaffirmer son soutien à la profession. Affaire à suivre…