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29/11/2024
Les propositions du Shift Project pour résoudre l’équation alimentation x énergie x climat x écosystèmes
Le 28 novembre 2024, l’équipe du think tank The Shift Project a présenté son rapport final consacré au secteur agricole, « Pour une agriculture bas carbone, résiliente et prospère », dans un grand amphithéâtre du Conservatoire National des Arts et Métiers archicomble à Paris.
Ce rapport est le résultat de 14 mois de travaux de modélisation et de consultations pour alimenter le « plan de transformation de l’économie française » du Shift Project, qui développe des propositions sectorielles pour éclairer les décideurs politiques sur les enjeux climatiques et énergétiques.
Un gros travail a été réalisé depuis la sortie du rapport intermédiaire[1] en juin 2024 : l’élevage et la séquestration du carbone dans les sols en particulier y sont mieux pris en compte. Le « scénario de conciliation » construit par le Shift y a été affiné, permettant de résoudre au mieux l’équation combinant les objectifs de sécurité alimentaire et énergétique, de résilience climatique et des agroécosystèmes. Ce scénario permettrait de réduire les émissions directes et indirectes de GES du secteur agricole d’ici 2050 :
Parmi les leviers mis en œuvre dans ce scénario, nous notons en particulier :
- Une évolution des systèmes d’élevage bovins viande permettant de réduire les émissions liées à la fermentation entérique de 15 %, non seulement en réduisant les effectifs d’animaux, mais également en préservant les systèmes vertueux, en réduisant les émissions importées (aliments) et en valorisant au maximum les effluents ;
- La reconfiguration de la fertilisation: réduction des besoins, maximisation des recyclages, décarbonation de la fabrication des engrais (notons que 25 % des terres arables seraient en agriculture biologique) ;
- L’optimisation du stockage de carbone dans les sols : arrêt du déstockage, augmentation des surfaces en prairies permanentes, augmentation du stockage additionnel avec les couverts intermédiaires et le semis direct, augmentation de l’agroforesterie (10 % des surfaces arables) ;
- La décarbonation de l’énergie utilisée et produite par l’agriculture: meilleure efficacité énergétique, décarbonation de toutes les énergies utilisées en agriculture (1/3 électrification, 1/3 biogaz, 1/3 biocarburants), et valorisation de la biomasse en biocarburants et biogaz ;
- Des modifications importantes au sein des productions animales et végétales:
- Une réduction de tous les cheptels (ruminants et monogastriques) de 20 à 30 % ;
- Une forte augmentation des emblavements en soja, légumineuses fourragères, protéagineux et maraîchage (x 2 à 3) aux dépens des surfaces en maïs ensilage (x 0,5), prairies temporaires et céréales (x 0,8).
Au-delà du choix des combinaisons de leviers et du scénario optimal, le Shift se heurte, comme tous les autres organismes qui ont fait l’exercice, sur le financement de cette transition afin qu’elle soit effective et massifiée. Dans le débat qui a suivi la présentation de l’étude, c’est bien cette question du « qui paye ? » qui a fait débat.
Si l’alimentation doit être revalorisée au niveau des consommateurs-citoyens, qui doit assurer le surcoût ? Les consommateurs, les pouvoirs publics, les entreprises privées ?
Pour Agridées, la réponse se trouve dans une combinaison des contributions de chacun de ces acteurs, à la fois soutenables pour les ménages et leur pouvoir d’achat, acceptables pour les finances publiques déjà sérieusement dégradées et intégrables par les entreprises, également soucieuses de demeurer compétitives dans un environnement économique mondialisé.
Les travaux récents d’Agridées, notamment ceux sur One Health, le flexitarisme, la résilience des filières bio, la comptabilité socio-environnementale ou les financements des transitions, tentent d’identifier tous ces leviers à actionner pour y parvenir.
A ce titre, Agridées suivra avec beaucoup d’intérêt les prochains travaux du Shift sur le volet agroalimentaire, annoncés pour 2025-2026.
[1] Voir l’analyse d’Agridées du 13 juin 2024 : Les propositions de The Shift Project pour une « agriculture bas carbone, résiliente et prospère »