Points de vue
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09/12/2023
Plaidoyer pour l’attractivité de la filière lait
Lorsque je suis invitée à un dîner et que l’on me demande ce que je fais dans la vie je réponds ainsi : “Je suis Caroline Helleisen Errant et je suis directrice générale du Cniel, l’interprofession qui regroupe l’ensemble des acteurs économiques de la filière laitière française – les éleveurs laitiers, les coopératives et industries privées et les professionnels du commerce, de la restauration collective et de la distribution”. Si mon interlocuteur est connaisseur du secteur agricole, en général cela suffit. Si celui-ci est novice en la matière alors je reprends en disant cette fois “Vous souvenez vous du célèbre jingle Les produits laitiers sont nos amis pour la vie ? Alors voilà, c’est l’interprofession laitière”. Cette deuxième tentative est souvent plus fructueuse ! Alors oui, l’interprofession est une organisation complexe et singulière, pas si simple à définir. Il y a cependant un mot qui lui colle à la peau : le collectif. Car s’il y a bien une force au modèle interprofessionnel, c’est sa capacité à développer la culture du consensus, poursuivant l’idée que tout le monde a à y gagner, en faisant chacun un pas vers l’autre pour ensemble penser les solutions et agir !
Trois défis prioritaires pour l’avenir de la filière
Les défis ne manquent pas ! L’ensemble des acteurs de l’interprofession ont mis en avant les trois priorités pour construire une filière d’avenir toujours forte demain : la poursuite du dialogue avec nos parties prenantes, une méthode qui fait ses preuves depuis le lancement de notre démarche de responsabilité sociétale France Terre de Lait ; l’urgence d’attirer de nouveaux talents, car c’est la pérennité de toute la filière laitière qui est en jeu ; la décarbonation de nos activités, de l’amont à l’aval, tout en trouvant des solutions pour les adapter au changement climatique. C’est aujourd’hui une feuille de route collective stratégique pour notre filière qui assume ses marges de progrès mais qui souhaite surtout mettre en avant sa vitalité et ses potentiels.
Oser rejoindre la filière
La filière laitière c’est plus de 300 000 emplois directs et indirects répartis sur l’ensemble du territoire. C’est aussi plus de 85% des salariés qui vivent dans des communes de moins de 15 000 habitants, preuve s’il en était besoin de le dire, que le lait laisse une empreinte claire et évidente aux quatre coins de notre pays. Notre filière vit au rythme des territoires, du sol, des animaux, des saisons. Elle participe indubitablement et tout à la fois au rayonnement économique, au maintien du lien social et à l’entretien des paysages. Véritable pierre angulaire de notre “patrimoine du goût”, la filière laitière nourrit tant l’Histoire que le dynamisme de nos régions françaises. Pour continuer à produire du lait demain sur la quasi-totalité du sol français, nous sommes confrontés à des enjeux majeurs de recrutement et d’attractivité dans tous nos métiers. Donner envie aux jeunes de nous rejoindre est un travail de temps long qui n’a pourtant pas le temps d’attendre. Nous souhaitons impulser à l’ensemble de nos collaborateurs l’envie d’agir pour une filière d’avenir qui ose recruter de nouveaux talents, qui ose mieux faire connaitre ses métiers et qui ose sortir des sentiers battus pour renouveler, repenser, imaginer la filière laitière française de demain.
Les défis ne manquent pas, et nous ne manquons pas d’atouts !
Les métiers du lait sont des métiers ancestraux au plus près des populations et des terroirs et pourtant ils n’ont jamais été autant des métiers de progrès et de technicité ! Intelligence artificielle, robotisation, génétique, voici quelques-unes des nouvelles compétences dont notre filière a besoin pour dessiner son avenir.
Enfin, je suis persuadée que l’avenir de la filière ne sera pas forcément fait de celles et ceux qui connaissent déjà le monde de l’élevage et de la transformation laitière. Notre filière peut être pour celles et ceux qui ont envie de se rapprocher des métiers du vivant, en lien direct avec les animaux et la nature. Nous souhaitons mettre en avant notre capacité d’inclusion pour faire découvrir, connaitre, mettre en lumière nos métiers à des jeunes qui sont éloignés du monde laitier. C’est pour moi l’une des clés pour attirer de nouveaux talents mais aussi pour qu’ils puissent trouver leur place à nos côtés.
Oser venir voir les fermes laitières, les usines, les fromageries, les métiers de la distribution, de la restauration collective, des crèmeries et fromageries et oser recruter de nouveaux profils, c’est certainement notre plus grand défi à nous professionnels du lait. Notre filière laitière française est une filière d’avenir, osons nous mettre en avant et nous réinventer ensemble pour que la France demain soit encore une terre de lait.
