Site non disponible sur ce navigateur

Afin de bénéficier d'une expérience optimale nous vous invitons à consulter le site sur Chrome, Edge, Safari ou Mozilla Firefox.

Retour à la liste des contenus

Points de vue

Temps de lecture : 3 min

20/04/2023

Savoir, pouvoir, vouloir : Agir

Période étrange que la nôtre… Nous sommes tous et toutes des hommes et des femmes de l’Anthropocène, et nous vivons, que nous le voulions ou non, une période clé de notre histoire, effrayante pour certains, fascinante et pleine d’opportunités pour d’autres – exceptionnelle en tout cas, au sens premier du terme. Nous pouvons en faire une expérience humaine d’actions collectives, comme notre espèce en a rarement connue, ou la subir.

N’est-ce pourtant pas exaltant de vivre, malgré toutes les difficultés que nous traversons, cette période de bascule ? N’avons-nous pas cette chance unique de pouvoir en être pleinement acteurs ?

Nos connaissances n’ont jamais été aussi pointues qu’aujourd’hui, qu’elles soient scientifiques, technologiques, économiques ou sociétales. Nous n’avons jamais eu autant de savoirs pour comprendre le monde. Nous avons une boîte à outils fabuleuse, sans même parler du dernier outil dont nous n’avions jamais rêvé ailleurs qu’en science-fiction : l’Intelligence Artificielle… qui sera peut-être l’ingrédient ultime pour naviguer dans des systèmes complexes et interdépendants, et nous aider à accélérer enfin ces changements, quitte à nous bousculer. Nous disposons encore pour un temps limité d’énergies qu’il serait de bon ton d’économiser pour favoriser le déploiement de nouveaux modèles de société économiques, durables et vertueux, au lieu de les gaspiller dans un dernier souffle.

Alors que nous manque-t-il encore ? Le temps des débats d’experts est dépassé, aussi nécessaires et enrichissants soient-ils.

Mobilisons toutes nos connaissances, et travaillons-les ensemble, loin des dogmes et des partis pris. Il nous reste dix ans, vingt ans peut-être (le temps de l’inertie des systèmes…) pour casser les silos, nos fonctionnements habituels par cases, et enfin “penser en systèmes”

L’agriculture, dans toutes ses valorisations alimentaires comme non alimentaires, n’échappe pas à ces considérations : elle en est même le socle. Quel autre domaine de l’activité humaine a permis un tel essor des autres industries ? C’est même grâce à son extraordinaire performance (et la baisse du coût de l’alimentation qu’elle a engendré), et à la valeur du travail des agriculteurs et des agricultrices, que nous pouvons aujourd’hui bénéficier d’une telle qualité de vie, d’une telle abondance de produits et de services. Nous avons des défis colossaux mais, en vertu de l’adage “la nature est bien faite”, nous avons aussi les solutions et (encore pour un temps) les ressources en face pour y répondre.

Repenser l’agriculture et repenser notre société vont de pair.

Nous avons besoin de nouveaux lieux d’expérimentations à petite échelle et d’innovations (”L’innovation n’a de sens que si elle est bas carbone” nous rappelle Jean Jouzel), pour agréger tous nos savoir-faire, pour partager et diffuser.

Nous avons besoin de ces tiers-lieux pour tester et démontrer qu’en travaillant tous les leviers en synergie, des solutions sont à portée de main et diffusables au grand nombre.

Nous avons besoin de ces lieux d’hybridation sociétale, où producteurs et consommateurs peuvent échanger et construire ensemble, bien au-delà des idéologies qui séparent et freinent.

Est-ce utopiste ? Certainement pas.

Ces lieux émergent avec des propositions très concrètes et des solutions pour certaines déjà avérées, mais qui combinées ensemble, ont un impact démultiplié et nous mènent vers des approches nouvelles.

Penser en interdépendance et en filières toutes liées les unes aux autres, sur un même territoire, comme le Vivant le pratique depuis des millénaires : c’est avec cette intuition, qui en convainc déjà beaucoup, que notre agriculture pourra atteindre ses objectifs de décarbonation, de sécurité alimentaire et de souveraineté énergétique. C’est tout l’esprit des travaux que nous menons au sein de notre association Terrasolis, et que nous allons déployer avec ce projet lauréat France 2030 de démonstrateur territorial pour les transitions agricoles, alimentaires et énergétiques.

Est-ce si décalé de rappeler que sobriété et innovation technologique ne sont pas antinomiques ? Bien au contraire : une hybridation intelligente des deux mènerait à des résultats inédits ; l’une ne peut d’ailleurs, être abordée sans l’autre. La sobriété n’est pas un gros mot, et les nouvelles technologies, notamment les techniques génomiques, ne sont pas l’incarnation du mal.

La clé est avant tout d’avoir une approche systémique : les innovations peuvent être agronomiques, numériques, technologiques, organisationnelles, elles peuvent être de tous ordres mais doivent surtout être combinées et testées sur un même objet, pour montrer cet effet levier.

Il n’y a pas de meilleurs ingrédients pour l’action, l’imagination et l’audace.

L’Homme se distingue par sa capacité à créer de nouveaux récits de société ; nous avons la chance de vivre ce moment de rupture où nous quittons un ancien monde, et où nous avons aussi les outils pour écrire et construire collectivement cette nouvelle page. Créons ce nouveau récit inédit.

Nous savons et objectivement nous pouvons. Il ne nous reste qu’un seul choix conscient possible : le vouloir collectivement et engager toute notre, nos ressources et nos savoirs pour basculer vers ces nouveaux modèles de société.

Soyons optimistes, nous pouvons encore être désinvoltes.