Site non disponible sur ce navigateur

Afin de bénéficier d'une expérience optimale nous vous invitons à consulter le site sur Chrome, Edge, Safari ou Mozilla Firefox.

Retour à la liste des contenus

Points de vue

Temps de lecture : 2 min

18/03/2022

Ukraine : pour une initiative européenne sur les marchés

Même après l’annexion de la Crimée et le soutien des mercenaires russes aux séparatistes du Donbas et de Luhansk, personne ne s’attendait au déversement de violence de l’agression russe contre l’Ukraine qui se déroule à notre porte depuis le 24 février 2022. Personne n’avait osé imaginer que l’armée d’un peuple frère pût s’attaquer aux populations civiles, dans leurs maisons, leurs moyens de transport, leurs écoles, leurs universités, leurs hôpitaux… Personne, ni en Europe, ni en Amérique, ni même à Moscou, n’avait imaginé la capacité de résistance du peuple ukrainien, des forces armées et de son héroïque chef d’Etat… Plus que leurs patrimoines, c’est leur identité que les ukrainiens défendent, sous nos yeux.

Les quarante millions d’hectares de terres agricoles de l’Ukraine se préparaient à une nouvelle campagne. Les cultures d’hiver en place, les entreprises agricoles avaient en réserve au moins les trois quarts des semences, des engrais et des produits de protection des cultures, pour répondre à la demande de maïs et de tournesol, dont elle est le premier exportateur mondial. La tension sur la disponibilité des carburants laisse prévoir une récolte moindre, et donc une nouvelle dérive des prix, s’ajoutant à celle de ces derniers jours. A près de 400 dollars la tonne, le blé est devenu inabordable pour de nombreux pays dont les conditions climatiques ne permettent pas la couverture autochtone des besoins alimentaires vitaux. La guerre russe en Ukraine entraine ainsi des bouleversements d’ampleur mondiale.

L’Europe peut-elle rester muette aux drames qui se nouent en ce moment dans ces pays où la famine sera inéluctablement la source de nouvelles émeutes de la faim ? Peut-elle accepter une envolée spéculative des cours et ne penser qu’à son confort thermique des dernières semaines de l’hiver ?

Par sa frontière européenne, l’Ukraine ne pourrait expédier que 400 000 tonnes de blé par mois, contre deux millions de tonnes en temps normal. Il faut pouvoir mobiliser maintenant le blé nécessaire avant la prochaine récolte et où qu’il se trouve. Mais hélas, ni la FAO, ni le PAM, ni l’OMC n’ont jugé indispensable de disposer de capacités de stockage significatives pour assurer une régulation des cours et contrer les spéculations de toutes sortes.

Ne nous trompons pas d’analyse, Vladimir Poutine en faisant la guerre à l’Ukraine, s’attaque d’abord à l’Occident et en premier lieu à l’Europe qu’il juge décadente et trop faible pour peser dans la paix du Monde. Il a enregistré les silences et les reculs de l’Europe après l’annexion de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie en Géorgie, puis de la Crimée et du Donbas en Ukraine. L’Europe doit aujourd’hui réagir. Elle doit maintenant prendre avec ses producteurs agricoles, une initiative pour réunir dans l’urgence les pays disposant de denrées alimentaires exportables. Il s’agit de les mobiliser à un prix acceptable pour les destinataires finaux et pour les producteurs eux-mêmes. Cette initiative correspondrait à une identité européenne qui ne peut se réduire à celle de marchés devenus fous.