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3 questions à

Temps de lecture : 2 min

18/09/2025

Anne Trombini, directrice générale de « Pour une Agriculture du Vivant »

Le projet COVALO (Coopération et Valorisation) propose une approche inédite pour accélérer la transition agroécologique : créer des coalitions territoriales réunissant agriculteurs, coopératives, acteurs publics et privés pour financer la transition agroécologique. Anne Trombini, directrice générale de « Pour une Agriculture du Vivant », décrypte les ambitions et les premiers résultats de cette expérimentation.

1/ Pourquoi avoir imaginé COVALO ?

La transition agroécologique ne peut pas reposer sur un seul acteur, ni sur une filière isolée. COVALO est né du constat qu’il faut un nouveau modèle pour accompagner les transitions et les valoriser collectivement. Le projet répond à trois défis majeurs.

  • D’abord, bâtir un socle commun entre tous les acteurs grâce à des outils de mesure du progrès. Aujourd’hui, chaque production a son cahier des charges : l’agriculteur reçoit des injonctions parfois contradictoires. Un diagnostic unique autour de l’Indice de Régénération, intégrant l’ensemble du système de cultures, permet de clarifier les objectifs et de mutualiser les coûts.
  • Ensuite, dépasser les logiques de filières. Raisonner seulement en blé, maïs ou légumineuses ne suffit pas : l’agroécologie exige une prise en compte globale de la rotation, qui implique de transformer les métiers du conseil et de partager les investissements.
  • Enfin, mettre autour de la table des acteurs très différents – agriculteurs, coopératives, industriels, distributeurs, banques, collectivités – et les faire travailler ensemble à l’échelle d’un territoire. C’est cette dimension systémique et collective qui fait la force de COVALO.

 

2/ Quelle est la logique au cœur du projet ?

Un mot résume tout : coalition.

Chaque territoire construit une gouvernance rassemblant tous les acteurs concernés par la transition agroécologique. Les coopératives jouent un rôle pivot : ancrées localement, elles connaissent les réalités de terrain et impulsent la dynamique collective. Mais cela suppose un vrai changement de posture : coopérer avec ses fournisseurs, ses clients… voire ses concurrents.
Cinq coopératives pilotes se sont engagées : NATUP en Normandie, TERRENA en Pays de la Loire, CAVAC en Vendée et Deux-Sèvres, Val de Gascogne dans le Sud-Ouest et SOUFFLET Agriculture dans le Grand Est. Dans les Hauts-de-France, PADV joue directement le rôle de coordinateur territorial, pour expérimenter et mettre au point les outils et process utiles aux autres coalitions.
COVALO mobilise aussi Chambres d’agriculture, organismes de conseil, industriels, banques, distributeurs, équipementiers, syndicats, collectivités et agences publiques. Tous ont intérêt à coconstruire un modèle plus cohérent et plus efficace, à l’échelle de la ferme comme du territoire.

 

3/ Quels sont les premiers résultats ?

Nous avons d’abord dû sécuriser le cadre juridique. Fin 2023, PADV a saisi l’Autorité de la concurrence pour vérifier si COVALO pouvait bénéficier de l’exemption prévue par le règlement européen (article 210bis). L’avis favorable obtenu est une première en Europe : il fixe les règles de transparence, d’objectivité et de non-discrimination qui garantissent le bon fonctionnement des coalitions. Il reconnaît aussi le rôle de tiers de confiance de PADV dans la collecte et l’anonymisation des données.
Sur le terrain, les premiers retours sont encourageants. La coconstruction est entrée dans l’ADN des acteurs. Pour les agriculteurs, l’Indice de Régénération et le diagnostic carbone constituent un outil clair pour bâtir un plan de progrès et accéder à des primes agroécologiques couvrant leurs risques.
La campagne 2025/2026 sera décisive : elle marquera le passage du concept à l’opérationnel, avec la mobilisation des agriculteurs et les premiers diagnostics en ferme. Nous avons réussi à « désosser » la complexité ; il reste à transformer cette architecture en outils pratiques, simples et concrets. Cela ne sera pas parfait d’emblée, mais nous progresserons chaque année. C’est ce qui rend ce projet passionnant.

Retrouvez cet article dans le numéro 262 La Revue Agridées, septembre 2025 p38-39.