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3 questions à

Temps de lecture : 5 min

14/11/2023

Audrey Bourolleau

Deux ans après l’ouverture du campus d’Hectar, Audrey Bourolleau, sa Co-fondatrice , répond à nos questions.

1/ Que fait-on à Hectar ?

Nous agissons pour la transition économique et sociale agricole.

Nous avons mis en place des programmes de mentoring qui accompagnent la nouvelle génération d’entrepreneurs agricoles. Avec 160 000 fermes à reprendre en raison des départs à la retraite, nous avons besoin de projets solides et viables. Nous en challengeons donc la robustesse économique et nous sommes attentifs au volet social pour que les équilibres de vie et la rémunération soient justes.

Hectar c’est également de l’innovation, avec un accélérateur de startups européen car une partie des solutions environnementales, économiques et sociales passeront par la Tech. Nous en avons déjà sélectionné 58, elles seront 80 au total d’ici fin 2024.

Grâce à l’existence de notre ferme pilote, nous testons avec des entreprises partenaires, des chemins de transition en repensant l’organisation du travail, en questionnant une nouvelle répartition de la chaîne de valeur et en essayant de valoriser les actions des agriculteurs en faveur de la séquestration du carbone ou de la biodiversité. L’agriculteur ne doit pas supporter seul le poids économique de la transition. Ces enseignements sont ensuite partagés avec l’écosystème Hectar.

Le tout dernier projet pilote concerne la floriculture régénératrice. Il est mené avec Parfums Christian Dior. Nous voulons mesurer le bénéfice de l’implantation de fleurs dans les champs, en complément d’autres cultures déjà présentes. Nous souhaitons aussi former les entrepreneurs agricoles que cela intéresse pour qu’ils diversifient leurs activités et donc leurs revenus (un programme de 60 places vient d’être lancé). Enfin, la relocalisation d’une filière floricole durable pourrait créer de la valeur pour les agriculteurs tout en rendant un service au sol et à la biodiversité. Vous le voyez, nous privilégions une approche assez complète et transversale.

Enfin, nous menons un travail de sensibilisation auprès des jeunes et des entreprises. Il prend la forme d’ateliers et de séminaires à impact avec une approche toujours immersive. Nous y parlons par exemple de biodiversité, d’agroforesterie, de métiers ou encore d’assiette bas carbone. En 2 ans, c’est plus de 10 000 personnes qui sont venues chez Hectar en immersion dont 2000 jeunes.

 

2/ Quelle est votre vision sur l’attractivité des métiers agricoles et quelle proposition faites-vous ?

Il faut d’abord et surtout changer notre regard sur ces métiers et dire à quel point les enjeux actuels sont une chance pour l’agriculture qui a toujours su relever les défis que l’histoire lui a imposés en 50 ans. On l’oublie mais l’agriculteur est au centre de nos vies : c’est la seule personne dont nous avons besoin 3 fois par jour pour nous nourrir. Donc renvoyer une image positive, c’est impératif pour susciter des vocations !

Ensuite, peu de personnes le regardent comme un entrepreneur, c’en est pourtant un ! Il faut le dire. Il a plein de casquettes et se réinvente car le métier ou les compétences, devrais-je dire, ont changé. Bien accompagner sur le plan entrepreneurial, cela va de soi pour nous, c’est une partie importante de notre mission. L’essentiel des métiers qui existeront dans 30 ans ne sont pas encore connus, les filières et tous les acteurs économiques actuels connexes doivent s’y préparer : production d’énergie, tourisme, diversification pour s’adapter au changement climatique, il y aura beaucoup à faire, c’est une chance !

Chez Hectar, on met en avant les visages qui passent chez nous. Ils ont de bons projets : ce ne sont plus forcément ceux d’une vie, parfois, ils ne sont plus non plus inscrits dans une tradition familiale. Les temps changent, il faut s’adapter. Je crois profondément à la vertu des rôles modèles.

 

3/ Vous proposez des formations spécifiques aux agricultrices, à quel besoin spécifique répondez-vous ?

 

Alors qu’elles représentent la moitié des effectifs de l’enseignement agricole, elles ne sont plus que 9% à la tête des coopératives et seulement 2 sur 34 sont membres de conseil d’administration de la Chambre d’Agriculture au niveau national… Que nous disent ces chiffres ? Que nous nous privons de la richesse et de la compétence de 50% de l’humanité au niveau notamment de la gouvernance dans les structures collectives ! L’agriculture, tout comme les autres secteurs économiques, n’échappe pas à l’effet plafond de verre. Hectar souhaite à la fois alerter et répondre à sa mesure avec le programme Farm’Her que nous avons lancé l’année dernière. 20 femmes y ont participé. Notre objectif est de les accompagner dans leur leadership. Nous voulons leur donner les moyens de leur ascension en développant leurs soft skills. La prochaine édition débutera au premier trimestre 2024 avec 10 places. Nous examinons les candidatures spontanées que nous recevons.