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3 questions à

Temps de lecture : 5 min

01/04/2022

Laurence Champier

Face aux conséquences de la guerre en Ukraine, les Banques Alimentaires s’organisent et coordonnent une aide alimentaire d’urgence. Laurence Champier, Directrice de la Fédération Française des Banques Alimentaires répond à nos questions.

1/ Comment s’organisent les Banques Alimentaires au niveau européen par rapport à l’impact de la guerre en Ukraine ?

Le réseau des Banques Alimentaires française est mobilisé depuis le début de la guerre en Ukraine, pour contribuer à répondre aux besoins essentiels des réfugiés, à la fois dans les pays limitrophes et à la fois en France.

Au niveau européen, la FFBA aux côtés de la Fédération Européenne des Banques Alimentaires (FEBA), coordonne une aide d’urgence à apporter aux frontières de l’Ukraine. Il s’agit de répondre besoins exprimés par les Banques Alimentaires européennes frontalières, notamment la Pologne, qui accueille le plus grand nombre de réfugiés, les Banques Alimentaires de Roumanie, Moldavie, République Tchèque, Slovaquie, et Hongrie, et aussi la Banque Alimentaire de Kiev. Cette mobilisation se décline par des :

  • Des dons financiers à travers notre plateforme en ligne https://don.banquealimentaire.org/urgence-ukraine, auprès du grand public pour financer les besoins logistiques des Banques Alimentaires des pays frontaliers accueillant des réfugiés en lien avec la campagne européenne #AllTogether4Ukraine ;
  • Des dons de produits par nos entreprises partenaires adaptés aux besoins de ces pays : il s’agit de produits facile à conserver, à manipuler et à cuisiner (soupes déshydratées, flocons de purée, plats cuisinés, conserves de légumes, compotes en gourde), de produits pour les enfants (lait maternisé, couches), et de produits d’hygiène. Nous devons nous assurer que nous n’envoyons que des produits nécessaires sur place.

Une quinzaine de camions sont déjà partis de notre réseau à destination de ces pays, notamment depuis le Bretagne et Auvergne-Rhône-Alpes. C’est la première fois que notre réseau est confronté à une telle demande d’urgence en Europe.

 

2/ Quels sont les besoins pour l’accueil des réfugiés en France

En France, en partenariat avec nos 6000 associations partenaires et en coopération avec les Préfectures et les Collectivités Locales, les Banques Alimentaires participent à l’accueil des 30 000 réfugiés à date sur le territoire français, apportant de l’aide alimentaire, et des produits d’hygiène ou médicaux. Les arrivées se concentrent en Ile-de-France, en Région Grand Est notamment à Strasbourg, et en PACA notamment à Nice. A noter que 60% des personnes accueillies en Ile-de-France sont en transit vers l’Espagne, le Portugal, et l’Angleterre. Une attention particulière est à porter aux enfants et aux mineurs non accompagnés.

 

Une trentaine de départements sont plus particulièrement mobilisés. Par exemple en Bourgogne, la Banque Alimentaire fournit les denrées alimentaires aux centres d’hébergement (colis d’urgence), à la Croix-Rouge française (première collation à l’arrivée des réfugiés). Les produits proposés sont des produits secs, de première nécessité mais les structures peuvent aussi bénéficier de fruits et légumes. A Besançon, petits déjeuners, boissons, conserves et plats préparés sont fournis par la Banque Alimentaire de Franche-Comté aux associations qui en expriment le besoin (structures d’accueil intermédiaires, Croix-Rouge…). Pour faciliter la distribution de colis d’urgence, le réseau des Banques Alimentaires a mis en place une convention “simplifiée” de partenariat qui permet aux nouvelles structures souhaitant bénéficier des produits de la Banque Alimentaire une disponibilité immédiate de denrées alimentaires. C’est par exemple le cas à Lyon où 100 personnes sont accueillies dans un gymnase dont 80% d’enfants.

Au-delà de l’émotion légitime liée à la guerre, l’action des Banques Alimentaire s’inscrit donc dans le pragmatisme et le long terme, en réponse aux besoins de terrain et en apportant des solutions logistiques. Il s’agit aussi d’anticiper l’impact sur la précarité en France du fait de l’inflation alimentaire annoncée dans notre pays, l’alimentation constituant le 3ème poste de dépenses des ménages. Entre 2019 et 2020, notre réseau a déjà fait face à une hausse de la demande de 6%. Cette année, cette augmentation se situe entre 3 et 4%.

 

3/ Au-delà de cette gestion crise, quels sont vos chantiers d’action prioritaire, notamment avec les acteurs du monde agricole et alimentaire ?

Nous voulons garantir une aide alimentaire durable, plus locale et de qualité grâce à un lien fort avec les acteurs du monde agricole et agroalimentaire. Cette volonté s’est déclinée tout au long de notre participation au salon de l’agriculture, où nous avons nouer des partenariats pour construire des filières longues de solidarité : par exemple avec qui s’engage pour une durée de 3 ans avec à couvrir les besoins annuels en farine des populations en situation de précarité alimentaire sur les territoires de la Coopérative : la Marne, l’Aube, les Ardennes, la Meuse et la Haute Marne. Un engagement fort de la part du Groupe VIVESCIA pour assurer un approvisionnement alimentaire de qualité pour notre réseau avec la marque Francine. Nous avons également remis officiellement le label “entreprise solidaire” à AGRIAL qui devient la première coopérative agricole solidaire des Banques Alimentaires. Ce partenariat va permettre non seulement de faciliter et structurer les dons de produits, mais aussi de d’accompagner notre réseau par du mécénat financier et via le soutient à nos programmes d’aide à l’insertion et mobilisation de bénévoles. Une chaine du don agricole solidaire a également été organisée avec Solaal au SIA.

 

Nous sommes également engagés dans une économie circulaire vertueuse, avec le développement de partenariats inter associatif et avec le monde agricole, par exemple les CUMA dans le cadre de Catalyseur pour des ateliers de transformation, des jardins de campagne solidaires avec les Agriculteurs ont du cœur, des dispositifs itinérants dans les zones rurales avec nos partenaires associatifs comme La Croix Rouge, etc.