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3 questions à

Temps de lecture : 5 min

30/05/2023

Maxime Toubart

Productrice d’une boisson emblématique surnommée le « vin des Rois et le roi des vins », première région viticole au monde à avoir réalisé son bilan carbone intégral en 2003, la filière Champagne agit sans cesse pour préserver son excellence.
Comme toutes les autres filières agricoles et agroalimentaires, la Champagne doit aussi s’adapter aux enjeux environnementaux et sociétaux et relever des défis structurels et humains.
Maxime Toubart, Président du Syndicat Général des Vignerons de Champagne (SGV) et Co-Président du Comité Interprofessionnel des Vins de Champagne (CIVC) nous partage sa vision.

1/ Comment se porte la filière Champagne aujourd’hui ?

En 2020 et 2021, la Champagne a vécu deux années extrêmes. En 2020, la vendange était abondante et magnifique alors que les ventes étaient en chute de près de 20% en raison de la crise liée au Covid-19. En 2021, la campagne viticole était éprouvante avec une succession de calamités (gelées, mildiou, grêle, oïdium, échaudage) alors que les expéditions enregistraient un rebond exceptionnel de 30% par rapport à l’année précédente.

L’année 2022 a donc été pour la Champagne le retour à une situation plus stable. La vendange était aussi belle en qualité qu’en quantité. Elle nous a permis de reconstituer les stocks et la réserve interprofessionnelle. Les ventes ont quant à elles repris une croissance plus mesurée (+1,6%) même si le chiffre d’affaires de la filière a dépassé le palier jamais atteint des 6 milliards d’Euros.

La Champagne s’est donc rapidement remise du choc de la crise sanitaire de 2020, preuve que l’appellation conserve son statut et reste dans le cœur et l’esprit des consommateurs du monde entier.

Toutefois, si la Champagne est raisonnablement optimiste pour l’avenir, la conjoncture économique mondiale incertaine invite à la prudence, la Champagne est consciente des problèmes que peuvent connaître d’autres vignobles français et de la fragilité des équilibres.

 

2/ Quels sont les enjeux/défis de la filière pour préserver son niveau d’excellence au niveau mondial ?

Depuis longtemps, les vignerons et maisons de Champagne travaillent ensemble pour assurer l’équilibre de la filière, le rayonnement de l’appellation, le partage de la valeur créée entre les professionnels.

Aujourd’hui ils sont unis pour préparer l’avenir face aux deux grands défis qui se présentent : le défi de la production et de la qualité, le défi de la désirabilité de l’appellation.

Le changement climatique et les maladies de dépérissement de la vigne, dont la redoutable flavescence dorée, font planer une lourde menace sur la pérennité du vignoble et la qualité de nos vins. C’est pourquoi la Champagne vient d’engager un plan d’investissement majeur pour la prochaine décennie en augmentant le budget annuel de l’interprofession champenoise de 10 millions d’euros supplémentaires afin de renforcer ses actions.

Depuis plus d’une vingtaine d’années, la Champagne a engagé un plan d’action en faveur du développement durable en trois volets : le plan eau, le plan biodiversité et le plan carbone. Les résultats sont déjà fructueux mais de nouveaux moyens vont permettre de viser le net zéro carbone d’ici à 2050, d’attendre l’objectif de 100% des surfaces certifiées d‘ici 2030, de faire évoluer les programmes d’innovation variétale et de lutte contre les maladies de dépérissement de la vigne, de mettre au point de nouvelles stratégies œnologiques, d’assurer l’indispensable transition agroécologique. Un nouveau centre de R&D va être construit avec des laboratoires et une cuverie redimensionnés ainsi qu’une plateforme expérimentale de plus d’un hectare.

L’appellation Champagne n’est pas seulement synonyme de grand vin, c’est aussi un nom mythique, symbole d’excellence, de luxe, de fête et de célébration. Pour rester à la hauteur du prestige de l’appellation, la filière va également conforter ses investissements dans l’éducation, la protection et le rayonnement de l’appellation.

Face aux enjeux de demain, les vignerons et maisons de Champagne prennent encore une fois collectivement leur destin en main pour que le Champagne reste toujours disponible, toujours désirable et toujours exemplaire.

 

3/ Quels enjeux d’avenir pour les vignerons en particulier ?

La Champagne compte 16 176 vignerons exploitants, dont 40% ont au moins 50 ans ou plus. Ils exploitent 34 168 hectares. Le vignoble champenois est très morcelé avec 281 800 parcelles (superficie moyenne d’une parcelle : 12,17 ares). Derrière ces exploitations se trouvent des femmes et des hommes qui font vivre de nombreux territoires.

La maîtrise du foncier est un enjeu essentiel pour les exploitations viticoles. La réussite du modèle champenois a notamment pour conséquence une valeur élevée du prix des vignes. Comme le rappelle le rapport du député GIRARDIN, « le prix des vignes en AOP Champagne a été multiplié par 3,2 en 21 ans ». Aujourd’hui, la fiscalité patrimoniale frappe lourdement les transmissions familiales. En conséquence, les héritiers de vignes sont incités à les céder plutôt qu’à les conserver ou à les louer à des membres de la famille, ce qui fait courir un risque de démantèlement et de disparition des exploitations familiales.

Les mesures actuelles, principalement l’exonération partielle des biens loués par bail à long terme, n’apparaissent plus suffisantes pour résoudre ce problème.

Le SGV Champagne défend :

  • L’exonération totale de droits de mutation à titre gratuit des transmissions de biens loués par bail à long terme, sous réserve d’un engagement de conservation des biens sur une longue durée (au moins 25 ans).
  • La suppression du plafonnement à 300 000 € applicable à l’exonération de 75 % des biens loués par bail à long terme et la suppression de l’imposition à l’impôt sur la fortune pour de tels biens.
  • Le raccourcissement à 10 ans au lieu de 15 ans du délai de rappel fiscal des donations antérieures.