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Temps de lecture : 3 min

23/02/2023

Emploi et compétences en agriculture

Selon les dernières publications de l’INSEE, le taux d’actifs sans emploi s’établit à 7,2% de la population active en France, soit 2,2 millions de personnes. C’est le niveau le plus bas depuis le premier trimestre de 2008, après avoir culminé à 10,5% entre 2013 et 2015. La poursuite de la tendance baissière du taux de chômage contrarie les analyses conjoncturelles qui prévoyaient les effets négatifs d’une récession provoquée par la hausse des prix de l’énergie et des taux d’intérêt.

Tensions françaises sur le marché de l’emploi

En effet au-delà du très court terme, et comme le soulignait en 2022 le rapport conjoint de France Stratégie et de la DARES, « Les métiers en 2030 », le marché de l’emploi se trouve confronté à un déséquilibre structurel, par métier, et l’agriculture comme l’agroalimentaire n’échappent pas à cette situation : les postes à pourvoir du fait des départs en fin de carrière, des créations nettes d’emploi et des mobilités vers d’autres métiers ne sont pas compensés par les ressources en main d’œuvre constituées des jeunes en premier emploi, des personnes provenant d’autres métiers, sortant de périodes de chômage ou encore résultant du solde migratoire nette.

Inexorablement, la structure démographique française joue sur la réduction du taux de chômage, ce qui n’est pas sans conséquence sur l’orientation des politiques publiques en matière sociale comme en matière de systèmes de retraite.

La mise à jour régionalisée publiée en janvier 2023, « Les métiers en 2030. Quelles perspectives de recrutement en région », fait apparaître que les métiers de l’agriculture et de l’alimentation figurent dans les métiers spécifiques de 9 des 13 grandes régions françaises. Alors que Nouvelle Aquitaine et Bretagne sont les deux premières régions agricoles, suivies par Bourgogne Franche-Comté, Pays de la Loire, Occitanie, Centre Val de Loire, Normandie et Corse, seules Auvergne Rhône-Alpes, Bourgogne Franche-Comté et Corse seraient susceptibles de créer des emplois, alors que l’emploi agricole aurait tendance à décroitre en Nouvelle Aquitaine, Occitanie, Provence Côte d’Azur et Centre Val de Loire.

Tandis que globalement l’Ile de France, le Grand Est et les Hauts de France devraient perdre des emplois sur la période 2019-2030, toutes les autres régions présenteraient un solde positif avec une attractivité marquée pour la Corse, la Nouvelle Aquitaine, la Bretagne et les Pays de Loire.

 

Tensions et pénuries internationales

Les questions d’emploi et de compétences sont également au cœur de la dynamique agricole de nombreux pays développés. Ce sujet vient de faire l’objet d’une publication de l’OCDE dans la série des Documents sur l’Agriculture et la Pêche sous le titre « Labour and skills shortages in the Agri-Food sector » (Pénuries de main d’œuvre et de compétences dans le secteur agro-alimentaire).

Après avoir rappelé les facteurs qui interagissent sur la demande d’emploi en agriculture dans les pays de l’OCDE, soit l’évolution des structures agricoles, les innovations technologiques, et les changements dans les attentes des consommateurs, l’auteur de l’étude relève les caractéristiques de l’évolution du travail en agriculture au cours des 20 dernières années : réduction du nombre d’entreprises agricoles et augmentation de leur taille, recours accru à l’automation et changements dans la composition de la force de travail, avec un déclin constant de la main d’œuvre familiale et une augmentation du salariat.

Sur la base des données renseignées par les pays membres de l’OCDE et de pays non-membres, le rapport établit le constat des pénuries ou des excès de main d’œuvre et de compétences.

Ainsi, par ordre décroissant, l’Irlande, la Grèce, la Turquie, la Suisse, la Belgique, la Pologne, l’Australie, le Chili, le Mexique, les Pays-Bas, la France, l’Afrique du Sud et les États-Unis font face à des pénuries de main d’œuvre, quand la Norvège, l’Argentine, l’Autriche, la Finlande, le Royaume Uni, l’Allemagne, la Suède, la Roumanie, la Bulgarie, l’Espagne, la Hongrie présentent des marchés excédentaires. On note que globalement l’Union Européenne et les pays de l’OCDE disposent d’un léger excédent de main d’œuvre pour les secteurs de l’agriculture, de la forêt et de la pêche.

En complément, par ordre décroissant, l’Irlande, la Grèce, la Suisse, la Pologne, la Turquie, la Belgique, l’Australie, le Chili et le Mexique font face à un fort déficit de compétences, quant à l’inverse la Norvège, l’Autriche, la Finlande, la Suède, la Roumanie, l’Allemagne, la Bulgarie, le Pérou, la Hongrie et la Slovénie disposent à des degrés divers d’une main-d’œuvre très qualifiée. Comparée aux autres pays, la France en déficit de main d’œuvre souffre également d’un léger déficit en termes de compétences.

 

Préconisations et recommandations

Pour la France, comme pour les pays développés ayant des structures démographiques similaires, il est donc permis de prévoir une baisse tendancielle du taux de chômage, en l’absence de situations de crise majeure, et des tensions, voir des pénuries pour le marché de l’emploi en agriculture tant en nombre qu’en compétences.

Face à cette situation, l’étude de l’OCDE préconise que les politiques publiques se fixent pour objectifs d’améliorer l’attractivité du secteur susceptible en particulier d’offrir des opportunités de carrière, de promouvoir les actions de formation sur un spectre élargi de compétences, d’assurer une meilleure cohérence des formations avec les besoins du secteur, notamment en matière de compétences entrepreneuriales et digitales, d’encourager la formation continue pour faciliter l’adoption des nouvelles technologies, et enfin de renforcer les services de conseil et de vulgarisation.

Ce programme rejoint les recommandations de la note d’Agridées « Dynamique agricole : quelles compétences ? » en ce qui concerne le renforcement du champ des compétences, la focalisation de la formation sur le changement climatique, et la promotion du capital humain, tant en ce qui concerne l’image des métiers que l’attractivité sociale et sociétale.

Le projet « Pacte et loi d’orientation et d’avenir agricoles » lancé par le Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire devrait aboutir à un processus législatif en 2023, à l’issue d’une concertation régionale et nationale en cours. Les groupes de travail « orientation et formation », « installation et transmission » et « adaptation et transition face au changement climatique » devraient notamment recouper dans leurs conclusions les préconisations et recommandations émises précédemment sur ces sujets pour les traduire en dispositions pratiques. Il s’agira bien de relever les multiples défis de l’emploi agricole considéré comme l’un des facteurs déterminants de la puissance agricole française.