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Temps de lecture : 5 min

07/07/2023

Think Tank Agroalimentaire – Les Echos : Les 5 grands chantiers de la transition environnementale

En partenariat avec Les Echos, le Think Tank Agroalimentaire vient de rendre publiques, le 4 juillet 2023, les conclusions de son travail annuel 2022/23. Partant d’une situation d’urgence climatique avec une horloge dont le mécanisme tourne inexorablement, le Think Tank propose dans cette 9e édition un total de 21 recommandations réparties en 5 chantiers afin de « changer de braquet » dans la transition environnementale de la chaîne alimentaire. Pour rappel, la trentaine de personnalités ayant participé aux travaux émanent principalement du monde de l’entreprise et des fonctions associées.

Olivier Dauvers, directeur du Think Tank, a rappelé l’enjeu essentiel : produire plus afin de répondre à l’impératif démographique, en utilisant moins d’intrants, moins de consommations intermédiaires, et en réduisant sensiblement l’empreinte carbone. Tout cela amène à la conjonction d’une transformation de l’offre et d’une transformation de la demande. Il s’avère que l’alimentation constitue un levier exceptionnel par nature. Ainsi, uniquement en France, à raison de 3 repas par jour pour chacun tout au long de l’année, il se présente 75 milliards d’occasions de consommation alimentaire. L’assiette est un levier qui peut tout changer. Et si jamais ce n’était pas le cas, il resterait à s’interroger sur le passage de démarches volontaires à des moyens obligatoires, voire « coercitifs », au vu de l’ampleur du défi environnemental.

La réflexion ainsi lancée, 5 chantiers stratégiques ont été identifiés :

– Faire du sol le socle de la transition environnementale ;

– Créer les conditions d’un marché carbone de nature à financer la transition environnementale ;

– Généraliser une comptabilité multi-capitaux ;

– Intégrer les externalités environnementales dans les décisions des entreprises ;

– Embarquer le consommateur.

Les lecteurs et adhérents d’Agridées, qui en débattent, ne seront pas surpris par ces 5 thèmes qui font en général consensus sur le principe mais qui peuvent susciter des réticences applicatives.

Deux points transversaux, de méthode et de réflexion, ont été mis en lumière par le Think Tank Agroalimentaire et méritent d’être soulignés. Le premier consiste à souhaiter que « l’entreprise soit regardée comme le meilleur vecteur de la transition environnementale ». Une assertion qui nécessiterait évidemment que les dires et les comportements des entreprises soient impeccables et contrôlés. Mais une proposition qui a l’intérêt de montrer une voie pour le passage à l’action, la concrétisation des discours.

Le second relève de la primauté ou non à donner aux questions environnementales par rapport à toute autre question essentielle, sociale par exemple, même s’il est souvent de bon ton de dire que tout est lié. De là, la question très actuelle de l’obligation par rapport à l’incitation et du risque de conflictualité engendré. Interrogé à ce sujet, Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, a plaidé pour le maintien du principe de liberté, de la recherche d’acceptabilité et du rôle de la pédagogie notamment par le biais de l’éducation à une alimentation durable fondée sur le plaisir et le goût. Sans perdre de vue la question sociale du coût de l’alimentation. Dans le registre d’une amélioration de l’information, le développement de l’étiquetage environnemental, prévu par la loi, ne pourrait à terme devenir obligatoire que dans un cadre européen.

Dans une table-ronde finale, Thierry Blandinières, Directeur Général d’InVivo, et Dominique Schelcher, Président de Système U, ont expliqué le chemin irréversible de réduction de l’empreinte carbone tracé par leur entreprise, avec pour exemple un produit issu du travail de la chaîne alimentaire (prochainement une baguette de pain « low-carb » !), ou, autre exemple, par les modifications de recettes (allégement et végétalisation des plats). Tous les deux ont insisté sur l’importance de l’innovation, de s’inscrire dans une trajectoire positive avec un narratif pédagogique et, enfin, de ne pas oublier l’interconnexion avec les autres marchés : attention aux débats franco-français théoriques !

La transition environnementale : oui, en sachant « embarquer » tout le monde.