McDonald’s France est un acteur majeur de l’industrie agroalimentaire dans notre pays. Avec un chiffre d’affaires de plus de 6 milliards d’euros et plus de 78 000 salariés, McDonald’s France sert près de 2 millions de repas par jour dans plus de 1500 restaurants. En 2022, environ 73 % des achats alimentaires sont réalisés auprès d’industries françaises, près de30 000 agricultrices et agriculteurs contribuent aux approvisionnements de l’enseigne sur les 5 principales filières (bœuf, poulet, blé pour les pains burgers, pomme de terre, salade) et près de 3000 sous contrat en cascade.
Eloi de la Celle, Directeur Achats, Qualité, Logistique & Environnement chez McDonald’s France, répond à nos questions.
1/ Quels sont les engagements, actions et résultats déjà obtenus de McDonald’s France en termes de durabilité des filières agricoles et alimentaires ?
Pour les 6 filières concernées (bœuf, poulet, blé, pomme de terre, salade et pomme), notre Stratégie Filières Durables 2020-2030 s’articule autour de 4 axes : climat, biodiversité, bien-être animal et agriculteurs. En concertation avec le monde agricole, nous accompagnons les acteurs des filières en expérimentant des solutions concrètes sur le terrain avec les agriculteurs et leurs partenaires et cherchons à identifier les bonnes conditions pour déployer ces actions plus largement. Nous avons réalisé notre premier bilan carbone en 2005, constatant que le maillon agricole représentait le principal poste d’émissions. Nous nous sommes fixés des objectifs de réduction d’émissions dès 2010. Résultat en 2020, nos émissions de GES par transaction ont baissé de 50 % sur le périmètre restaurants et de 16 % sur le périmètre élargi, par rapport à 2005. Notre objectif pour 2030 est de réduire nos émissions de GES directes et indirectes de 35 % par rapport à 2005. L’objectif pour 2050 est de tendre vers une contribution maximale à l’objectif national de neutralité carbone. Outre l’impact carbone, nous travaillons à maintenir la biodiversité avec nos programmes d’agriculture régénérative et d’agroforesterie, et en aidant les agriculteurs à optimiser leurs usages de pesticides (réduction de la quantité et de la toxicité des pesticides utilisés).
McDonald’s France s’est d’ailleurs engagé dans le consortium 4 pour 1000.
2/ Comment vous engagez dans l’agriculture régénérative ?
Dans un premier temps, nous testons plusieurs projets pilotes avec des agriculteurs partenaires. Nous avons lancé plusieurs travaux sur l’amont agricole. « Pâturond » est un programme de recherche et d’évaluation des effets des différents systèmes de pâturage sur la séquestration de carbone, la biodiversité, la valorisation des prairies et la viabilité des systèmes de production dans la filière bœuf. Pour sa part, le projet « ARA-Blé » a été lancé en 2022. Il vise à tester et déployer l’agriculture régénérative et l’agroforesterie dans la filière blé CRC® – farine Label Rouge de McDonald’s France. Nous co-finançons ce projet, que nous conduisons avec le fournisseur de pains burgers Bimbo QSR et des experts tels que Earthworm Foundation (expert Sols Vivants), Agroof (agroforesterie) et Icosystème (formation en agroécologie). Nous travaillons sur ce projet avec nos coopératives partenaires Valfrance et Oxyane, qui ont déjà identifié et sélectionné près de 50 agriculteurs pour ce projet. Ces derniers mettent en place des pratiques pour améliorer leur bilan carbone (réduction des émissions et stockage dans les sols) : mise en place de couverts végétaux, diversification des assolements (introduction de légumineuses) et des rotations, agroforesterie avec implantation de haies et d’arbres. Aujourd’hui, les 47 agricultrices et agriculteurs et les techniciens des coopératives engagés dans le projet ont bénéficié d’au moins 6 jours de formation, 235 ha de couverts ont été implantés, 50 diagnostics carbone et sols ont été réalisés et plus de 8000 mètres de haies ont été plantées.
3/ Quels sont les premiers résultats obtenus par le projet ARA-Blé ?
Chez les agriculteurs engagés dans le projet ARA-Blé, Earthworm mesure différents indicateurs du Programme Sols Vivants : en premier lieu, la durée de couverture des sols est le nombre de jours de l’année où le sol est couvert, avec le test d’une solution à partir d’images satellites. En second lieu, les indicateurs du sol comprennent le ratio matière organique/argile, le pH de l’eau, l’état de la structure du sol et la note de bioturbation qui évalue la vie du sol avec l’activité des vers de terre. Des marges de progrès des agriculteurs ont été identifiées ce qui est encourageant. En ce qui concerne le Label Bas Carbone (LBC), McDonald’s France fait appel à France Carbon Agri Association, mandataire pour la labélisation et la valorisation des crédits carbone générés. Les leviers identifiés dans la méthode grandes cultures actionnés par les agriculteurs du projet ARA-Blé sont les suivants : augmentation de la biomasse et de la surface des couverts, optimisation de la dose d’azote minéral apporté et réduction de la volatilisation de l’azote, réduction de la consommation de carburant et modification de l’assolement selon les leviers actionnés. Sur les 5 prochaines années, le potentiel de réduction d’émission de GES chez les agriculteurs du projet se situe entre 20 et 30 %. Le projet sera poursuivi jusqu’à l’obtention de crédits carbone. Notre objectif est de passer à l’échelle en fonction des résultats obtenus dans le cadre des projets pilotes, afin de massifier l’impact environnemental de nos transitions.
