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3 questions à

Temps de lecture : 3 min

19/05/2025

Jean-Marie Le Bris, directeur des Produits Grande Consommation de Laïta

Laïta, est reconnue pour ses marques mais peu pour l’originalité de sa construction alors qu’elle représente la première entreprise coopérative laitière de l’Ouest. Jean-Marie LE BRIS, qui en est le directeur des Produits Grande Consommation, en livre quelques clés ; quand territoire rime avec compétitivité.

1/ Quelle est l’histoire et la trajectoire de l’entreprise Laïta ?

Auparavant société de commercialisation, Laïta existe sous sa forme actuelle depuis 2009 quand les trois coopératives Even (51 %), Terrena (31 %) et Eureden (18 %) lui ont chacune apporté leur branche laitière, hormis l’activité d’amont relative à l’élevage. “Du tank à lait jusqu’au contact des consommateurs”, Laïta et ses 3200 salariés transforment et valorisent chaque année 1400 millions de litres de lait issu de plus de 2200 exploitations laitières du grand Ouest. Son chiffre d’affaires, réalisé dans plus de 110 pays atteint 1,7 milliard d’euros pour un peu plus de 300 000 tonnes de produits finis, fabriqués dans ses sites industriels de Bretagne et des Pays de la Loire. En se rapprochant, les trois coopératives ont créé une entreprise laitière devenue leader.

Il est vrai que Laïta est surtout connue pour ses produits de grande consommation et sa marque phare Paysan Breton, incarnée par son iconique beurre demi-sel ou son fromage fouetté Madame Loïk, ou encore son lait ribot. Mais, en outre, Laïta propose des produits de nutrition infantile, divers ingrédients laitiers ou encore des aliments pour jeunes mammifères.

 

2/ Comment représente-t-elle l’économie territoriale face à une concurrence mondialisée ?

Il y a des réalités à rappeler. Laïta est une entreprise à capitaux coopératifs, détenue par des éleveurs via leurs coopératives, au service des éleveurs. Un choix “partisan” a été fait lors de sa création en positionnant son siège social à Brest, pour faire vivre le territoire de la pointe bretonne.

De même, Laïta ne produit que des produits laitiers, fabriqués dans 100% des cas avec du lait de vaches provenant du grand Ouest et transformé dans nos usines en Bretagne et en Pays de la Loire. Nos ingrédients sont 100% français. Par ailleurs nos emballages sont déjà recyclables à 80% et le seront à 100% avant 2030. Et très engagés en RSE, nous investissons massivement pour baisser notre empreinte carbone.

C’est cet ADN territorial qui fait notre force et nous permet de nous démarquer dans un marché des produits laitiers totalement mondialisé. Les consommateurs plébiscitent nos produits délicieux, simples, sains avec une touche assumée de Bretagne ! Lesquels sont récompensés chaque année par de nombreuses médailles, gages de qualité.

Ce lien créé entre production et consommation par une identité territoriale qui se prouve, et par la force des marques, permet la différenciation. Mais, pour cela, il convient également d’assurer les bases de notre compétitivité et d’investir massivement dans les outils industriels, ce que nous faisons chaque année en investissant 3% de notre chiffre d’affaires en Capex.

 

3/ Quels sont les apports, ou les insuffisances, d’EGALIM dans votre activité ?

Laïta est concernée par les lois Egalim pour ses produits commercialisés en France soit les 2/3 de ses ventes. L’apport d’Egalim s’est surtout observé pour ses produits à marque “Paysan Breton” vendus en grande distribution.

Par la loi, la MPA (Matière Première Agricole) est théoriquement non-négociable (on dirait ici “sanctuarisée”) dans le cadre des négociations annuelles. Dans les faits, Laïta, comme toutes les autres entreprises laitières, doit se battre pour sanctuariser la variation de la MPA dans son tarif (c’est-à-dire au moins préserver dans les négociations la partie de la hausse de son tarif directement corrélée à la hausse du prix du lait). Les discussions sont rudes mais force est de constater que la trajectoire nettement haussière du prix du lait sur ces dernières années est le reflet d’une efficacité certaine des lois Egalim. Cependant tout n’est pas parfait.

En effet, il y a aussi des faiblesses :

  • Un formalisme pesant pour toutes les parties,
  • Des textes insuffisamment clairs qui ouvrent des brèches,
  • Un périmètre trop restrictif : il faudrait mieux “embarquer” dans le dispositif de sanctuarisation de la MPA les Marques De Distributeurs (MDD). Et intégrer les métiers du Food Service.
  • Une tentation montante, mal jugulée par les autorités, de contournement de la loi par le truchement de centrales internationales non soumises au droit français.

 

En conclusion, dans le contexte agricole qui est le nôtre et au vu des enjeux (recherche de souveraineté alimentaire, déclin du nombre d’exploitations et problématique de renouvellement générationnel, transformation du modèle pour s’adapter aux enjeux climatiques), nous n’avons pas vraiment besoin d’un nouveau chapitre de loi Egalim. Mais, désormais, plutôt d’une responsabilisation collective, d’une forme d’”union sacrée” de tous les acteurs, puisque nos sorts sont liés : ce n’est pas tant la loi qui compte mais la façon dont elle est mise en œuvre !