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Temps de lecture : 3 min

28/10/2021

« Farm to Fork » : Il faut trouver la voie !

 

La Fédération du Négoce Agricole (FNA) et le Synacomex ont organisé le 26/10/21 une conférence-débat à Paris sur le thème : « Farm to Fork : un choc à venir pour les entreprises du commerce des grains ». Il s’agissait moins de revenir sur les mesures phares contenues dans les stratégies proposées par la Commission « Farm to Fork » et « Biodiversité », soit une forte réduction de l’usage des intrants, un triplement des surfaces en bio et une croissance sensible de la SAU consacrée à des zones de haute diversité, que d’analyser les conséquences de leur application en termes de marchés. A défaut d’étude globale d’impact de la Commission, Cf « Plaidoyer « pro domo » de la Commission européenne, B.Valluis», 4 organismes reconnus ont déjà réalisé des études économiques qui convergent toutes vers une baisse de la production agricole européenne et une remise en cause de sa compétitivité.

Dans ce contexte le COCERAL (Association Européenne du Commerce de Céréales, oléagineux, légumineuses, huile d’olive, graisse et intrants agricoles) a décidé de procéder à sa propre estimation en s’appuyant sur les compétences de son réseau de 3 000 entreprises de commerce en Europe. Cette étude présentée par son président, Philippe Mitko, a été réalisée à dire d’experts, en retenant notamment un scénario moyen, et sans préempter des éléments potentiels futurs dont le calcul s’avère particulièrement subjectif et hasardeux aujourd’hui (baisse de consommation et changement de régimes alimentaires, réduction du gaspillage alimentaire, effets des nouvelles technologies…).

Les résultats sont clairs : A horizon 2030 la production européenne de céréales plongerait de 40 millions de tonnes (-14,5%), celle d’oléagineux de 5 millions de tonnes (-17%). Dans ce cadre L’UE deviendrait  importatrice nette de céréales et accentuerait sa dépendance actuelle en oléagineux, le déficit en protéines végétales s’accroîtrait. En conséquence les prix intérieurs devraient augmenter, la volatilité et les risques de marchés dont ceux liés au climat s’accentuer, la compétitivité des filières et de la supply chain être impactée.

A l’aune de ces différents rapports,  le débat politique devient plus vif. Le Parlement européen vient certes d’adopter le 19 octobre 2021 en séance plénière une résolution favorable à la stratégie « Farm to fork » (452 voix pour, 170 contre et 76 abstentions). Mais il a également voté un amendement du député Dorfmann qui demande que la Commission produise enfin une étude d’impact qui soit globale (économique, environnemental, sociétal) et surtout ex-ante des futures propositions d’application.

L’étude du COCERAL présente l’avantage de s’appuyer d’abord sur des éléments factuels. Cela permet de rappeler le rôle et le poids des marchés. Ainsi les échanges mondiaux concernent 25% de la production des blés, 45% du soja, 17% du maïs, 42% des huiles végétales. Cela permet également de visualiser l’orientation de la démographie mondiale, l’Afrique va ainsi voir sa population progresser de 311 millions d’habitants entre 2020 et 2029. L’étude y applique ensuite les objectifs chiffrés de la Commission pour répondre à des enjeux évidemment partagés (décarbonation, biodiversité) mais avec des modes opératoires à découvrir, dans un calendrier très tendu. L’avenir de l’Europe est-il d’importer, y compris dans la composante carbone de ces produits tiers?

Lao-Tseu a dit «  l’homme qui ne tente rien, ne se trompe qu’une fois ». Le COCERAL a donc raison de jouer son rôle et demander un vrai débat, au-delà de chiffres qui ne représentent qu’une partie de la vérité du moment.  Les conditions de la sécurité alimentaire de l’Europe et de nombreux pays qui lui sont liés méritent la recherche d’un consensus éclairé au milieu d’injonctions trop souvent présentées comme antagonistes. Il va falloir « trouver la voie ».