Mohamed Zaz est un entrepreneur marocain engagé notamment avec la startup NetZero, spécialisée dans le stockage de carbone atmosphérique dans les sols sous forme de biochar.
1/ Pouvez-vous nous présenter la startup française NetZero ?
NetZero est une startup française de la climatech fondée en 2021 et spécialisée dans le stockage de carbone atmosphérique dans les sols sous forme de biochar. L’un de ses co-fondateurs est Jean Jouzel, paléoclimatologue français et ancien membre du GIEC. Le modèle de NetZero est circulaire : elle valorise les résidus agricoles en les transformant par pyrolyse en biochar. Celui-ci est ensuite utilisé comme fertilisant et facteur de stockage de carbone biogénique dans les sols agricoles. NetZero est accompagnée par BPI France, qui a mis en avant la startup lors de l’événement BIG du 5 octobre 2023 en faisant intervenir son co-fondateur et CEO Axel Reinaud lors de l’atelier « L’agriculture puits de carbone : quels champs des possibles ? » NetZero possède aujourd’hui deux usines en production : l’une au Brésil et l’autre au Cameroun. La startup a également été sélectionnée en 2022 parmi les projets les plus prometteurs au monde pour le stockage de carbone à l’occasion du concours Xprize Carbon Removal de la Fondation d’Elon Musk, recevant un million de dollars. La même année, NetZero a également été labellisée par Bertrand Piccard et la fondation Solar Impulse. Cela explique pourquoi trois grands groupes français, en quête de solution pour la neutralité carbone, sont récemment entrés au capital de NetZero : Stellantis, L’Oréal et la CMA-CGM. La startup a en effet réalisé une levée de fonds de 11 millions d’euros début 2023 auprès du fonds capital risque Stellantis Ventures, du fonds L’Oréal pour la régénération de la nature et de CMA CGM Ventures. Cette levée de fonds permet d’accélérer la R&D de NetZero pour industrialiser son modèle, de construire de nouvelles usines et de recruter de nouveaux talents.
2/ Quels sont les avantages du biochar produit par NetZero ?
Les propriétés du biochar produit par NetZero sont multiples : elles sont à la fois agronomiques, environnementales et économiques. Sur le plan agronomique, le biochar améliore la structure des sols et accroît leur capacité à retenir l’eau et les nutriments, corrige leur acidité et favorise le développement de la vie microbienne dans les sols. En un seul apport, le biochar permet de réduire les besoins des sols en engrais et en eau, tout en l’enrichissant en carbone stable. Nous testons différentes méthodologies d’apport et constatons que le biochar apporté en mélange avec du compost a une bonne efficacité. Sur le plan environnemental, l’apport de biochar dans les sols permet d’améliorer le bilan carbone de l’activité agricole en stockant davantage de carbone biogénique dans les sols et en réduisant les utilisations d’engrais azotés, sources d’émissions de protoxyde d’azote (N2O) qui est un des principaux gaz à effet de serre. D’autre part, le biochar produit par NetZero provient de déchets agricoles, sources d’émissions de gaz à effet de serre lorsqu’ils ne sont pas valorisés ou simplement brûlés, ce qui émet du CO2 et des composés toxiques à l’origine de maladies respiratoires. Enfin, nos usines de production sont approvisionnées en résidus végétaux sur un périmètre de 25 km maximum autour des usines afin de limiter les émissions liées au transport de biomasse. Les valorisations comme amendement dans les sols se font également à l’échelle territoriale. Sur le plan économique, le biochar reste un intrant onéreux pour les agriculteurs. Outre le passage à l’échelle industrielle qui devrait réduire les coûts de production à terme, NetZero vend des crédits-carbone de gré à gré afin de réduire les coûts du biochar pour les agriculteurs.
3/ Quels est le potentiel en France ?
Il existe en France déjà de nombreuses filières de valorisation de déchets agricoles, ce qui limite le potentiel de production du biochar. Néanmoins certaines cultures comme l’olivier ou la vigne peuvent se prêter à un modèle circulaire pour le biochar, car elles génèrent des résidus de bois de taille peu valorisés, et ont besoin de biochar pour améliorer leur résilience face au changement climatique. D’autre part, les industriels français en quête de compensation carbone de leurs activités peuvent être intéressés par les crédits-carbone générés localement.
