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3 questions à

Temps de lecture : 3 min

17/11/2025

Bertrand Valiorgue, directeur de l’Institut Français de Gouvernement des Entreprises

Fusion des coopératives agricoles : quelles stratégies ?


Bertrand Valiorgue est professeur de stratégie et gouvernance des entreprises à Emlyon Business School et assure la direction de l’Institut Français de Gouvernement des Entreprises (IFGE). Ses recherches portent sur la gouvernance des entreprises et les stratégies de développement durable dans le contexte de l’Anthropocène et des limites planétaires. Il est aussi co-auteur, avec Xavier Hollandts, du référentiel pour une gouvernance stratégique des coopératives agricoles.

 

1/ Pourquoi observe-t-on aujourd’hui une vague de fusions entre coopératives agricoles ?

Les fusions de coopératives agricoles s’expliquent par des dynamiques profondes : les transformations de la Politique Agricole Commune, l’ouverture du marché européen, la baisse du nombre d’agriculteurs et les incertitudes économiques et climatiques.
Les coopératives considèrent qu’il faut atteindre une « taille critique » pour peser face à des acteurs mondiaux très puissants, que ce soit à l’amont (semences, engrais) ou à l’aval (centrales d’achat). En somme, la « mondialisation facile » est terminée : elles considèrent qu’il faut encore grossir pour se maintenir.

 

2/Ces fusions sont-elles bénéfiques pour les agriculteurs ?

Pas toujours. Ces rapprochements créent souvent des situations de quasi-monopole qui ne sont pas à l’avantage des producteurs. Lorsqu’un agriculteur n’a plus qu’un seul collecteur, il perd une partie de sa liberté et de sa capacité de négociation. La concurrence entre collecteurs – qu’ils soient privés ou coopératifs – est une situation saine, qu’il faudrait préserver et encourager. En soutenant trop systématiquement les fusions, les agriculteurs risquent de se tirer une balle dans le pied.

 

3/ Quelles sont les différents types de stratégies à l’œuvre dans de nombreux projets de fusion ?

Je considère que beaucoup de ces fusions relèvent d’une logique d’empilement d’activités plus que d’une véritable stratégie de différenciation. Elles ne créent pas forcément de valeur ajoutée ni d’avantage compétitif clair. Elles me semblent emblématiques de ce que mon collègue Philippe Baumard appelle le « vide stratégique » : une réponse défensive, plutôt qu’une vision renouvelée du rôle et du modèle des coopératives agricoles.