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Temps de lecture : 3 min

09/02/2023

Consommation locale : simple et complexe à la fois

Plus que jamais les produits locaux figurent au sommet des demandes des consommateurs. Le « local » apparaît comme une réponse aux souhaits des acheteurs qui cherchent une réassurance à propos d’enjeux qui les concernent au quotidien, personnellement et collectivement (qualité des produits, fraîcheur, saisonnalité, emploi territorial, environnement…). La proximité fédère et fait converger les réponses à toutes ces questions. Consommer local constitue tout autant un acte de protection qu’un acte de revendication. Un peu comme le label AB des dernières années, concurrencé de toutes parts aujourd’hui mais qui, lui, repose sur un cahier des charges étoffé et contrôlé. Qu’en est-il du local ?

Une étude récente, datée de décembre 2022, de FranceAgriMer concernant la filière des fruits et légumes frais et intitulée « Porter à connaissance : proximité, local, approvisionnements directs, circuits courts » propose d’éclairer ces notions et d’aider les opérateurs à en saisir les opportunités . S’il n’existe pas de définition de la proximité en tant que telle, la proximité géographique ouvre la voie de la mise en valeur des produits locaux, et la proximité relationnelle quant à elle, prônant l’absence ou la limitation d’acteurs dans la chaîne, amène aux circuits-courts. Local n’est donc pas synonyme de circuit court. Pour aller plus en avant, il n’y a pas non plus de définition officielle des produits locaux, et celle des circuits courts propose (en France) qu’on s’arrête à un seul intermédiaire.  Pourtant dans la filière fruits et légumes, de plus en plus dépendante des importations et qui vit un déclin de la consommation auprès des jeunes générations, le « local » constitue un levier de création de valeur. Cela requiert une évolution des organisations (logistique, contractualisation, traçabilité…), une meilleure approche de la restauration collective et un renforcement de la visibilité (fraîcheur, saisonnalité…) pour rencontrer avec succès l’appétit des consommateurs. Au-delà d’un certain empirisme dans les définitions, les consommateurs goûtent le « local ».

 

Une autre étude, publiée le 20 janvier 2023 par la Fondation Jean Jaurès sous la plume de Emily Mayer et de Philippe Goetzmann, intitulée « La consommation de produits locaux : de l’héritage à la richesse productive », s’interroge sur les raisons du succès du « bien consommer », autrement dit souvent du « consommer local » . L’originalité de ce travail vient notamment de sa mise en perspective de l’intégralité de la chaîne alimentaire, de l’action de tous les acteurs y compris celle de la Distribution, ce qui n’est pas évident quand le local est souvent mis en lumière via l’amont. Partie d’une perspective historique et géographique qui montre le poids des aspects identitaires et culturels dans l’importance de la consommation locale, l’étude montre le rôle clé, au-delà des bassins de production, de la densité du tissu industriel, PME et ÉTI, et de la vigueur des marques. La victoire du local c’est aussi celle de l’industrie locale, du dynamisme économique et démographique territorial et d’une adaptation de la distribution à cette demande, avec deux mots clés pour toute la chaîne alimentaire : coopérer et décentraliser, afin de répondre à de multiples réalités. Une autre vision du local, complémentaire à la précédente.

 

Dans un monde de la consommation qui requiert de plus en plus de définitions, de contrôles, d’étiquetages, de cahiers des charges, de réglementations…la simplicité du raisonnement des consommateurs qui s’emparent du local à partir d’un faisceau de preuves ou de présomptions pour en faire un choix favori détone à première vue. En réalité, cette présupposée simplicité de choix, cette confiance, repose d’une part sur une sédimentation culturelle et d’autre part sur une accumulation de preuves techniques que l’attrait de la proximité masque. Le local synthétise la complexité pour paraître simple, de loin.