Site non disponible sur ce navigateur

Afin de bénéficier d'une expérience optimale nous vous invitons à consulter le site sur Chrome, Edge, Safari ou Mozilla Firefox.

Retour à la liste des contenus

3 questions à

Temps de lecture : 3 min

29/09/2022

Marc De Nale

Marc De Nale, Directeur général de Demain la terre et administrateur d’Agridées nous parle de l’évolution de l’association qu’il dirige.

1/ Pouvez-vous nous parler de ‘Demain la Terre’ et du chemin parcouru depuis la création de l’association en 2004?

L’association Demain la Terre a été créée par des producteurs de fruits et légumes, conscients de la nécessité de changer la manière de produire ce que nous mangeons. Ils voulaient penser, mettre en place et développer une agriculture alternative, plus vertueuse, plus responsable. Cela a donné naissance au label Demain la Terre en 2010, porté par l’association. Ce label constitue aujourd’hui « la démarche de développement durable la plus complète, la plus mature et la plus aboutie de la filière » (CTIFL 2018). Notre association représente déjà 450 producteurs principalement en France et à l’étranger.

 

La rédaction de la première version du référentiel d’exigences à respecter pour obtenir le label a nécessité plus de trois ans. Ce document, essentiel pour la crédibilité de notre démarche, est depuis régulièrement revu afin de conserver une avance sur les exigences réglementaires et d’anticiper les attentes sociétales. Ce référentiel repose sur les trois piliers de la durabilité dans les entreprises, dans une logique de progrès permanent : la préservation de notre environnement, l’engagement social et sociétal des entreprises, et la viabilité économique des entreprises et des exploitations agricoles. Il n’est pas question de traiter seulement quelques sujets environnementaux, mais plutôt de construire la démarche la plus large possible au regard des objectifs de développement durable. 220 000 tonnes de fruits et légumes frais et transformés ont été labellisés en 2021.

 

Par ailleurs, afin de préserver toute l’indépendance de l’Association vis-à-vis de ses adhérents, le respect de ce référentiel est contrôlé tous les ans par un organisme indépendant dans chaque entreprise ; et la décision d’attribution, de maintien ou de retrait du label est prise par un Comité de contrôle constitué de personnes extérieures à l’Association et aux adhérents, engagées bénévolement au sein de ce Comité. C’est en quelque sorte un comité des sages qui apporte sa caution technique et morale à l’ensemble de la démarche.

 

Depuis 2015, un gros travail d’explication et de promotion de la démarche a été effectué auprès des professionnels (commerciaux et institutionnels). Et en parallèle, à partir des années 2016-2017, nous avons opéré le virage de la communication et de la promotion auprès du grand public et des consommateurs, avec une stratégie renforcée année après année.

Aujourd’hui, nous souhaitons que le label Demain la Terre devienne ‘la’ référence en termes de développement durable et d’agriculture responsable dans la tête des consommateurs et de tous les acteurs de la filière.

 

2/ Trois agriculteurs de DLT ont participé à Objectif Top Chef et mis en avant votre démarche, s’agit-il pour vous d’une reconnaissance ?

Je ne dirais pas qu’il s’agit d’une reconnaissance, mais plutôt d’un coup de projecteur, d’une mise en lumière de tout le travail effectué jusque-là. Nous avons souhaité utiliser un média puissant et très actuel pour communiquer et faire passer nos messages, le tout avec une approche ludique et qui rassemble : la cuisine. La seule reconnaissance à nos yeux vient et viendra du consommateur.

 

Comme je le disais, nous souhaitons que le label devienne la référence de durabilité, notamment pour les consommateurs. La jungle des labels, allégations, mentions, slogans… toujours plus « durables » ne facilite pas la compréhension et peut contribuer à une certaine méfiance de la part des consommateurs. A nous donc d’être créatifs dans notre approche, pédagogues dans les messages transmis, et sincères, transparents et positifs dans notre discours. Une émission TV ne peut constituer le seul canal de communication pour faire connaître et reconnaître le label et les engagements associés des producteurs. Nous misons aussi beaucoup sur le digital, lui aussi un outil puissant et qui fait partie du quotidien du plus grand nombre.

 

Nous venons d’établir notre raison d’être et de redéfinir notre promesse « Réjouissons la Nature & les Hommes », résumant ainsi le caractère collectif, réjouissant et respectueux des deux composantes clés de notre alimentation. Nous pensons qu’il est crucial de faire prendre conscience aux consommateurs tout le bénéfice qu’ils ont à consommer des produits issus d’exploitations qui ont décidé d’agir volontairement pour le respect des Hommes et de l’environnement.

 

Nous sommes fiers de contribuer à notre système agroalimentaire française, qui est régulièrement qualifié comme « le plus durable du monde ». Nous avons donc pris le parti de promouvoir positivement tous ces engagements et de tenir à l’écart les discours anxiogènes, souvent infondés, quant à la qualité de notre alimentation, notamment à propos des fruits et légumes.

 

3/ Vous avez annoncé au SIA 2022 la création de l’Association du « Collectif de la Troisième Voie des Filières Agricoles et Agroalimentaires Responsables »  aux côtés de Bleu Blanc Coeur, CRC et Vignerons Engagés, quel est le but de cette union ?

C’est un souhait partagé de donner un cadre plus officiel à notre collectif, dans la continuité de sa structuration. Après le lancement de son manifeste en 2018 et quatre années d’actions pour fédérer et promouvoir les initiatives d’agriculture responsable dans toutes les filières, nous avons décidé de passer le “Collectif de la Troisième Voie des filières Agricoles et Agroalimentaires Responsables” sous statut d’association loi 1901, officialisé lors du SIA 2022 par la signature des statuts de la nouvelle association.

 

On dit souvent que « seul on va plus vite, ensemble on va plus loin », ce collectif en est une bonne illustration. Nous pensons ainsi démultiplier nos forces et peser auprès des pouvoirs publics et des consommateurs. Il nous semble important de donner un cadre à cette « agriculture de la troisième voie » régulièrement citée actuellement. Nous devons parler d’une même voie (sans jeu de mot) pour expliquer qu’il existe bien ‘des’ agricultures et que nous devons collectivement être capables d’apporter des réponses et mettre en œuvre des solutions qui concilient les trois dimensions de la durabilité. Ceci, autant pour les consommateurs qui s’interrogent sur leur santé et celle de notre environnement, que pour les professionnels et les réseaux de distribution qui ont besoin de sécurisation de leur sourcing, ou encore pour les pouvoirs publics identifiant ainsi des groupes d’agriculteurs qui anticipent et peuvent servir d’exemples sur différents sujets.

L’association de la troisième voie représente actuellement 12 à 15 % de l’alimentation en France. Mais bien entendu, nous sommes ouverts à ce que d’autres démarches nous rejoignent à l’avenir.